Santé Bouteflika: un patron de presse accusé d'atteinte à la sécurité de l'Etat
AFP
Alger - Le parquet d'Alger a ouvert dimanche une information judiciaire "pour atteinte à la sécurité de l'Etat" contre le directeur de publication de deux quotidiens censurés pour avoir annoncé une "détérioration" de l'état de santé du président Abdelaziz Bouteflika.
"C'est le directeur de ces publications (Hichem Aboud) qui a initialement accepté de renoncer à leur impression après les observations qui lui ont été faites sur le non-respect" de la loi relative à l'information, selon le ministère, cité par l'agence APS.
Le ministère a précisé que les deux journaux "donnaient des informations erronées" et "totalement fausses" sur l'état de santé de de M. Bouteflika.
La loi stipule que le journaliste "doit notamment respecter les attributs et les symboles de l'Etat, avoir le constant souci d'une information complète et objective, rapporter avec honnêteté et objectivité les faits et événements et rectifier toute information qui se révèle inexacte".
Le ministère "s'étonne de la campagne lancée par le directeur du journal", qui a déclaré que ses journaux avaient été saisis samedi soir à l'imprimerie.
Le parquet d'Alger a ouvert dimanche une information judiciaire "pour atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale, à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions" contre M. Aboud, selon un communiqué du parquet cité par l'agence algérienne APS.
Le communiqué, cité par l'agence APS, dénonce des "propos infondés" de M. Aboud, selon lequel M. Bouteflika, hospitalisé à Paris, serait rentré mercredi à l'aube à Alger dans "un état comateux", et "l'impact négatif direct de ces rumeurs sur l'opinion publique nationale et internationale".
Les autorités ont saisi samedi soir les deux quotidiens de M. Aboud, qui avaient publié en Une un dossier de deux pages sur l'état de santé de M. Bouteflika. Hichem Aboud a indiqué à l'AFP détenir ses informations de "sources médicales françaises et des proches de la présidence algérienne."
"Les deux journaux ont été saisis samedi soir à l'imprimerie", a déclaré cet ancien militaire devenu opposant.
"Le ministère de la Communication nous a demandé de supprimer les deux pages de l'édition de dimanche consacrées à l'état de santé du président Bouteflika", mais "nous avons refusé l'autocensure", a-t-il dit, expliquant qu'il était "techniquement impossible" de supprimer deux des 24 pages de ces éditions.
Si ces informations sur l'état de santé du président "étaient non fondées, le mieux pour les autorités aurait été de publier un communiqué du médecin personnel du président pour démentir ces informations ou, mieux encore, de diffuser des images de M. Bouteflika", a-t-il précisé.
Il s'agit de la première affaire de censure depuis une dizaine d'années en Algérie.