Sarkozy accentue la pression sur Kadhafi et prévoit de se rendre à Benghazi

AFP

Paris - Nicolas Sarkozy a décidé d'accentuer la pression sur le colonel Kadhafi, en donnant son "accord de principe" à un déplacement à Benghazi, siège de la rebellion libyenne, et en plaidant la légalité de fourniture d'armes aux insurgés ainsi que le dégel de fonds en leur faveur.

Nicolas Sarkozy et Mustafa Abdel Jalil
Nicolas Sarkozy et Mustafa Abdel Jalil
Alors que la rebellion se trouve en difficulté face aux forces du colonel Kadhafi, la France, en première ligne sur le dossier libyen avec la Grande-Bretagne, et depuis peu, avec l'Italie, souhaite accélérer les événements devant conduire le plus rapidemment possible à la chute du régime du "guide" libyen.

La France veut toutefois que tout se passe dans la stricte légalité imposée par la résolution 1973 qui exige l'arrêt des violences contre les civils libyens.

Paris, Londres et Rome ont déjà envoyé des conseillers militaires auprès des rebelles à Benghazi, siège du Conseil national de transition (CNT) libyen (est de Tripoli).

Le dossier libyen sera au coeur du sommet franco-italien qui se tient à Rome mardi. "Comme nous, l'Italie se prononce en faveur d'un dégel des fonds libyens en faveur du CNT, comme nous, elle estime légale la livraison d'armes et d'équipements militaires aux forces du CNT et comme nous, elle estime indispensable le départ de Kadhafi et donc son étouffement économique progressif", dit-on dans l'entourage du président.

"C'est important parce que l'italie est un partenaire absolument important majeur sur le plan économique de la libye pour des raisons historiques", la libye étant une ex-colonie italienne, ajoute-t-on.

Premier à avoir reconnu, le 10 mars, le CNT comme seul interlocuteur légitime du peuple libyen (rejoint depuis par le Qatar et l'Italie), le président Sarkozy a reçu cette semaine pour la troisième fois les représentants du CNT et leur a donné son "accord de principe" pour se rendre à Benghazi.

Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, à la tête de la délégation reçue mercredi à l'Elysée, a affirmé au président Sarkozy qu'une visite de sa part à Benghazi ne pourrait que "remonter le moral" des habitants de la ville, sous le feu des forces de Kadhafi depuis plusieurs semaines, a rapporté une source gouvernementale française.

L'Elysée a précisé vendredi que le "principe" de la visite présidentielle était acté mais "ni sa date, ni ses modalités, n'ont été arrêtées".

Le dégel de fonds libyens est également "un sujet sur lequel on travaille entre partenaires européens", a-t-on dit de même source. "Il est important d'assécher la trésorerie de Kadhafi" mais "si les fonds sont gelés, ça veut dire que le CNT va se trouver rapidement à cours de ressources, or, le CNT a des besoins considérables, ne serait-ce que pour nourrir sa population", a-t-on observé.

Selon l'Elysée, "c'est un débat que nous avons en ce moment à Bruxelles mais il n'est pas facile", parce qu'il faut être "attentif au respect du droit".

Au cas où un tel dégel serait impossible, Paris estime, tout comme Rome selon la présidence française, qu'il faudrait alors trouver "d'autres moyens" pour aider financièrement le CNT.

"On peut imaginer que certains Etats arabes, engagés aux côtés du CNT (ndlr: le Qatar ou les Emirats arabes unis) lui fassent une avance sur trésorerie", estime-t-on dans l'entourage de M. Sarkozy.

Enfin, Paris juge "légal" et "conforme au paragraphe 4 de la résolution 1973" que des pays "puissent livrer des armes permettant à la population libyenne de se défendre".

"La France, elle, ne livre pas d'armes mais son interpétation de la résolution la conduit à dire que c'est légal pour ceux qui souhaiteraient le faire", a-t-on ajouté.


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