Sarkozy fait appel à l'armée pour faire face aux dégâts de la tempête
lepoint.fr
Les opérations de secours et de rétablissement de lignes électriques ont battu leur plein dimanche. Selon les derniers bilans, la plus violente tempête depuis décembre 1999 , qui a balayé samedi le Sud-Ouest, a fait quatre morts et des dégâts matériels difficiles à évaluer (plusieurs dizaines de milliards de francs pour celle de 1999). Tour d'horizon de la situation dimanche soir.
Électricité. Quelque 800.000 foyers étaient encore privés de courant dimanche à 18 heures (487.000 en Aquitaine, 193.000 en Midi-Pyrénées, 74.500 en Languedoc-Roussillon et 1.500 en Poitou-Charente) selon ERDF (Electricité réseau distribution france). Ils étaient 1,7 millions samedi après-midi. Le réseau transport d'électricité dans le sud de la France devrait être totalement réalimenté "au plus tard dans cinq jours" - préalable indispensable au retour du courant chez tous les consommateurs -, a prévenu son gestionnaire RTE. L'approvisionnement a pu être partiellement assuré samedi et dimanche grâce à une collaboration avec l'Espagne, dans le cadre d'un système d'entraide européen qui a évité un "black-out" général.
Les leçons de 1999. "Ce qui me satisfait dans ce drame c'est que les leçons de 1999 ont été tirées : beaucoup plus de réactivité, moins de victimes, plus d'efficacité", a déclaré Nicolas Sarkozy dans le Médoc, où il est venu constater une opération de réinstallation d'une ligne électrique, accompagné par les ministres de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, de l'Agriculture Michel Barnier et par le secrétaire d'État chargé des Transports Dominique Bussereau. Le président a également souligné "le travail remarquable de Météo France qui a permis de prévenir les populations et devait mettre en alerte rouge presque 14 heures avant que le drame n'arrive, ce qui fait que, à la minute à laquelle je vous parle, nous avons à déplorer quatre morts. C'est une tragédie bien sûr mais en 1999 on en avait eu 92."
La tempête analysée. Klaus - le nom que les services météo allemands ont donné à la tempête - a atteint plusieurs centaines de km de diamètre et traversé trois régions - Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon - entre 6 heures et 22 heures samedi, suivant une trajectoire ouest-est/nord-sud, pour se décaler ensuite vers l'Italie en perdant peu à peu de sa violence. Il possède certaines similitudes avec Lothar et Martin (les deux tempêtes de décembre 1999) : "Cette tempête s'est avérée aussi intense et même plus violente sur l'Aquitaine et le Languedoc. Nous avons enregistré des vents plus forts, entre 150 et plus de 180 km/heure localement"; explique Patrick Galois, ingénieur prévisionniste à Météo France. "La différence notable est que samedi seules trois régions ont été touchées alors qu'en 1999, elles l'avait toutes été." Ce type de tempêtes, détaille l'expert, se développe le plus souvent sur l'océan Atlantique et touche surtout le nord de l'Europe, îles britanniques et Scandinavie. "Mais à la différence d'un cyclone qui s'épuise rapidement en touchant terre, une dépression peut rester forte sur des terres". Ces phénomènes se forment dans l'atmosphère : ils sont dus à ces vents forts appelés "jet stream" ou "courants jet" - parce qu'ils surviennent à l'altitude des avions, autour de 10.000 m - qui circulent en permanence autour de la planète dans un sens Ouest/Est. "Plus ces jets streams sont forts, plus ils risquent de devenir instables et de provoquer des tourbillons qui peuvent eux-mêmes générer une dépression au sol : le tourbillon d'altitude et la dépression de surface vont alors s'alimenter l'un et l'autre".
Aides. "Nous allons nous assurer avec les ministres que la procédure de calamité puisse être engagée rapidement pour que les assurances puissent faire leur travail", a promis le chef de l'État qui était également accompagné par le président de fédération française des sociétés d'assurance Bernard Spitz, le pdg d'EDF Pierre Gadonneix et le président de la SNCF Guillaume Pepy. Le ministère de l'Intérieur va mobiliser le fonds de solidarité des communes victimes de catastrophe naturelle, doté de 19 millions d'euros, "pour faire face aux travaux d'urgence", a ajouté le président. Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a par ailleurs annoncé que les "fonds normaux" joueront pour les agriculteurs et que le gouvernement dégagera "les moyens de faire un nouveau plan tempête" comme en 1999, ajoutant que le fonds européen pour les catastrophes naturelles pourra jouer en faveur de la région touchée par la tempête de samedi.
Forêts. Nicolas Sarkozy a aussi annoncé la mise en place "d'un plan spécifique pour valoriser la forêt, qui a été encore une fois martyrisée dix ans après" la tempête de 1999. Le ministre de l'Agriculture Michel Barnier va ainsi proposer la mise en oeuvre d'un "plan global" en faveur des forêts et de la valorisation du bois comme source d'énergie. Les conséquences économiques de cette tempête hors normes n'ont pas encore été évaluées, mais les professionnels de la filière bois estiment que son intensité a été comparable à la tempête de 1999, "mais sur des zones plus localisées", a indiqué Eric Dumontet, secrétaire général adjoint du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest. Selon les premières estimations du syndicat, "il semble qu'on ait (...) plus de 60 %" de dégâts dans les Landes. Une "catastrophe" pour une filière déjà en crise et qui se remettait tout juste de la tempête de 1999, quand quelque "240.000 ha de forêts avaient été sérieusement endommagés" en Aquitaine.
Lignes ferroviaires. Le président de la SNCF Guillaume Pépy a parlé lors d'une visite éclair à la gare de Morcenx "d'images de guerre" pour évoquer les destructions causées par la tempête sur les infrastructures ferroviaires. Il faudra "plusieurs jours pour rétablir la situation sur les lignes Bordeaux-Hendaye et Bordeaux-Toulouse", a-t-il estimé précisant qu'il y avait "de très gros dégâts sur 1.500 km de voies". Les destructions concernent "la caténaire, les voies et l'alimentation basse tension des passages à niveau", ajoutant que ce dernier point relevait des réparations effectuées actuellement par ERDF. "Il va falloir reconstruire", a ajouté Pépy, qui a par ailleurs précisé que "tous les billets même non remboursables et non échangeables seraient remboursés" et qu'un service de substitution par autocars sera mis en place.
Téléphone. Environ 300.000 foyers étaient encore privés de téléphone fixe dans le Sud-Ouest en raison de la tempête dimanche selon soir France Télécom, contre 350.000 en milieu de journée. Dans le détail, 200.000 clients n'ont pas de téléphone car ils n'ont pas d'électricité et ils retrouveront donc leur ligne quand le courant sera rétabli. Mais 150.000 clients sont à la fois victimes de pannes électriques et de la rupture de leur ligne téléphonique. Pour ces derniers, l'opérateur "espère" rétablir le service "pour la fin de la semaine prochaine".
Eau courante. Autre conséquence des coupures de courant, des stations de pompage d'eau ne sont plus alimentées et des milliers d'habitants des Pyrénées-Atlantiques rencontrent des problèmes d'alimentation en eau potable.
Dangereux groupes électrogènes. L'utilisation de groupes électrogènes par des particuliers dans des pièces non ventilées a provoqué la mort de deux personnes en Dordogne et de deux plaisanciers à Port-Barcarès dans les Pyrénées-Atlantique. Plusieurs autres ont été intoxiquées.
Météo. Le dispositif d'alerte rouge, qui touchait samedi matin neuf départements a été totalement levé en soirée. Six départements (Charente-Maritime, Charente, Dordogne, Gironde, Landes et Gers) restaient cependant en vigilance orange dimanche soir en raison de risques d'inondations ou de crues.