Sarkozy peut-être ultime pacificateur d'une UMP chancelante
AFP
Paris - La commission de recours de l'UMP va proclamer le nom du vainqueur à la présidence de l'UMP "lundi après-midi", ont affirmé des proches de Jean-François Copé à l'AFP.
L'ancien chef de l'Etat, qui a pris du champ avec la politique depuis son départ de l'Elysée, a fait ces dernières 24 heures son retour dans les coulisses de la crise qui secoue le parti qu'il a présidé de 2004 à 2007.
Avant de déjeuner dans ses bureaux de la rue de Miromesnil avec François Fillon, M. Sarkozy, tout juste de retour de Shanghai, a eu "une longue et chaleureuse conversation téléphonique" lundi à 11h30 avec Jean-François Copé, selon l'entourage du député-maire de Meaux.
Après l'échec dimanche soir de la tentative de médiation d'Alain Juppé, le parti fondé en 2002 pour mettre fin à la guerre des chefs à droite continuait lundi à se déliter.
Le filloniste Dominique Dord a ainsi annoncé lundi au Dauphiné Libéré qu'il démissionnait de son poste de trésorier national de l'UMP, "ne pouvant plus supporter l'ambiance au sein de la direction du parti".
Il a aussi lancé de nouvelles attaques contre le député-maire de Meaux en dénonçant "l'utilisation des moyens du parti pendant la campagne électorale en vue de l'élection à la présidence de l'UMP qui n'a profité qu'à un seul candidat, Jean-François Copé".
Pour l'élu savoyard, ce procédé "aurait été dénoncé pour n'importe quelle élection et aurait dû entraîner une annulation du résultat. Je suis moralement choqué et j'ai donc choisi de démissionner de mon poste de trésorier", insiste-t-il.
L'UMP "est exsangue", met-il aussi en garde. "J'ai à maintes reprises tiré la sonnette d'alarme sur le fait que le déficit de trésorerie atteindra plus de 50 millions d'euros en juin prochain et devra faire face à un plan de redressement douloureux sur lequel nous nous sommes engagés auprès des banques mais dont les décisions tardent à être mises en oeuvre", ajoute le député-maire.
Sarkozy peut-il dénouer le noeud gordien du parti dont il fut le dernier président ? "Je pensais que l'ancien président de la République devait un peu se protéger de ces querelles partisanes", a admis Alain Juppé sur RTL. Mais "il apparaît clairement qu'il est le seul aujourd'hui à avoir l'autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie que je n'aperçois pas".
"C'est à lui de jouer", a ajouté M. Juppé, opposé au recours en justice que brandit M. Fillon : "J'ai tout fait pour l'éviter. Transférer cette querelle aux mains de la justice, tout à fait à l'extérieur du mouvement, c'est aggraver la cassure et augmenter les risques d'explosion".
Des huissiers à l'UMP
"On ne doit pas instrumentaliser Nicolas Sarkozy", a toutefois averti M. Copé, assurant que ce dernier ne voulait pas "être au milieu de la mêlée".Président proclamé le 19 novembre, au lendemain d'une élection interne très contestée dans les deux camps, Jean-François Copé n'a pas varié de sa ligne et l'a réaffirmée sur BFMTV et RMC : avant tout, attendre le verdict de la commission nationale des recours, inscrite dans les statuts de l'UMP.
Celle-ci a repris ses travaux peu après 09H00 et proclamera le nom du vainqueur lundi après-midi - sans doute le député-maire de Meaux, comme lui-même l'a déjà annoncé en affirmant dimanche soir que la commission "confirmera" le résultat.
M. Fillon continue lui d'afficher sa détermination. Il a demandé lundi la saisie, à titre conservatoire des données électorales du scrutin controversé du 18 novembre. "On ne peut considérer que du matériel électoral soit à l'abri de manipulations", a averti l'ancien chef de gouvernement.
Il a dépêché des huissiers rue de Vaugirard, au siège de l'UMP. Selon son avocat, Me François Sureau, la direction de l'UMP "a refusé d'exécuter la décision de justice" dont était porteur l'huissier. Faux, a répondu Jérôme Lavrilleux, bras droit de Jean-François Copé. "Il n'y a pas eu de demande de saisie de documents, ce n'est pas ce que l'huissier nous a demandé", a-t-il assuré à l'AFP.
Dans la recherche tous azimuts d'une sortie du labyrinthe mortel, des "non-alignés" ont eux multiplié les initiatives.
Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé sur Europe 1 qu'elle lançait "une pétition" pour demander à "revoter". "Pas responsable!", a illico tranché M. Copé.
Les partis adverses continuent de se frotter les mains. Pour Marine Le Pen, présidente du FN, "l'UMP n'existe plus", il ne reste qu'à désigner "un administrateur judiciaire". Elle affirme que son parti a "multiplié par cinq" depuis dimanche le nombre d'adhésions quotidiennes.
Frédérique Espagnac, l'une des deux porte-parole du PS, a elle demandé à l'UMP que le "mauvais feuilleton" de la guerre des chefs "se termine", pour devenir un parti qui "soit force de propositions".