Sarkozy sur TF1 pour expliquer et rassurer les Français
AFP
Paris - A deux mois d'un scrutin régional s'annonçant difficile pour son camp, Nicolas Sarkozy s'exprime lundi soir pendant plus d'une heure sur TF1 avec pour principal objectif de rassurer des Français qui persistent à s'inquiéter des effets de la crise et du tempo présidentiel.
Vendu par la "une" à l'Elysée, ce format s'inspire des face-à-face avec le public organisés en 2007 avec le futur élu et sa rivale socialiste Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle.
A la veille de passer le cap symbolique des mille jours à l'Elysée, Nicolas Sarkozy aborde cette émission en position délicate. Le chômage n'en finit pas d'augmenter et la majorité reste perturbée par la taxe carbone, la réforme des collectivités locales ou le débat sur l'identité nationale.
Selon la dernière enquête de l'Observatoire de l'opinion LH2 publiée lundi par le NouvelObs.com, sa cote de popularité est restée quasiment stable en janvier à 42% d'opinions favorables, alors que celle de son Premier ministre François Fillon a fait un bond de dix points à 55%.
Dans ce climat, le scénario de Nicolas Sarkozy lundi est clair. "Pas d'annonce, mais expliquer les réformes mises en oeuvre et celles à venir", résume un conseiller, "et mettre sa politique en perspective".
"Déstabilisés par le rythme des réformes, par les calendriers gouvernemental et parlementaire, les citoyens s'y perdent parfois", a reconnu lundi dans le Figaro la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie, "il est nécessaire d'expliquer régulièrement ce que nous faisons et dans quel but".
Depuis samedi, le chef de l'Etat a annulé tous ses rendez-vous pour plancher exclusivement sur la préparation de cette émission. A ceux qui, comme l'eurodéputé PS Vincent Peillon, dénoncent la mainmise du pouvoir sur les médias, TF1 a tenu à préciser que les questions de son panel de Français n'avaient pas été préparées avec l'Elysée.
Pour mieux cibler son intervention, Nicolas Sarkozy a toutefois lancé via Facebook un étonnant appel à l'aide pour connaître les "interrogations" et les "sujets" que ses "amis" souhaitent lui voir aborder.
Sans surprise, l'emploi, la réforme des retraites et le pouvoir d'achat arrivent largement en tête des préoccupations des quelque 2.500 commentaires postés lundi en fin de matinée sur la page présidentielle, loin devant l'interdiction du voile intégral, les banlieues ou la grippe H1N1.
Nicolas Sarkozy ne devrait pas non plus échapper à "l'affaire" Henri Proglio. Loin de s'être apaisée avec la décision du nouveau PDG d'EDF de renoncer à ses émoluments de président non exécutif de Veolia, la polémique a gagné la question de sa double casquette, alimentée par les propos de ministres assurant qu'elle ne serait que "provisoire".
Après le marathon des voeux pendant lequel il est apparu plus posé, les stratèges en communication du chef de l'Etat, qui assurent ne pas s'être fixés d'objectif d'audience, attendent désormais de sa prestation sur TF1 qu'elle asseoit sa position de "rassembleur", avant d'aborder le scrutin des 14 et 21 mars et la très délicate réforme des retraites.
"Le président excelle dans ce type d'exercice, l'effet sera sans doute positif", pronostique le politologue Stéphane Rozès, de la société de conseil CAP, "mais sûrement de courte durée".