Sarkozy trace une frontière avec le FN, Hollande lance sa profession de foi

AFP

Paris - Nicolas Sarkozy a fixé une limite mercredi à la droitisation de son discours avant le 2e tour de la présidentielle française, en assurant qu'il n'y aurait pas d'accord avec le Front national (FN), dont les 6,4 millions d'électeurs sont aussi courtisés par François Hollande.

Sarkozy trace une frontière avec le FN, Hollande lance sa profession de foi
Le président-candidat, arrivé deuxième au 1er tour avec 27,18% derrière le socialiste (28,63%), s'est lancé depuis dimanche dans une chasse effrénée aux électeurs de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (17,90%), au risque de froisser l'aile la plus modérée de son camp.

Après avoir assuré mardi que "Marine Le Pen est compatible avec la République", offrant une nouvelle respectabilité à l'extrême droite, il a affirmé qu'il n'y aurait "pas d'accord avec le FN, pas de ministres", s'il était élu au second tour le 6 mai.

Des élections législatives suivront de près la présidentielle, les 10 et 17 juin. Le parti présidentiel UMP risque de se retrouver dans une situation délicate, très coûteuse en nombre de sièges, face au Parti socialiste d'un cô té et à une extrême droite puissante de l'autre.

Selon un sondage, 64% des électeurs de Nicolas Sarkozy seraient prêts à approuver une alliance avec le FN en vue des législatives.

Une fois cette limite posée, Nicolas Sarkozy a repris sa rhétorique droitière, qu'il considère comme la seule à même de le faire gagner. "Je dois tenir compte du vote et pas considérer qu'il faille se boucher le nez", a-t-il dit.

Se posant en protecteur de cette France des "oubliés", qui "souffre", Nicolas Sarkozy en a appelé au sens "de la patrie". Il a évoqué les "racines chrétiennes" de l'Europe et prô né les vertus du travail pour mieux dénoncer "l'assistanat" dont bénéficieraient ceux qui vivent des aides sociales.

Candidate malheureuse à l'élection de 2007, la socialiste Ségolène Royal a estimé mercredi que Nicolas Sarkozy était allé "tellement loin" dans la droitisation "qu'il ne peut plus se dédire, provoquant un malaise au sein de son propre camp".

Dans ce contexte, la droite essaie d'exploiter l'une des promesses du candidat Hollande, le vote des étrangers non communautaires (hors UE) aux élections municipales, c'est-à-dire dans le cas de la France essentiellement des immigrés originaires d'Afrique et du Maghreb. Elle affirme que c'est la porte ouverte au communautarisme.

Estimant qu'il y a "trop d'ambiguïtés" dans le discours de la droite, François Hollande a maintenu mercredi cette proposition, sans en faire la priorité d'un éventuel mandat présidentiel. Elle sera mise en oeuvre "en 2013", a-t-il dit.

En meilleure position pour l'emporter le 6 mai, grâce aux reports attendus des voix de la gauche radicale et des écologistes, il a publié mercredi sa profession de foi en vue du second tour.

Il s'agit d'une lettre aux Français, dans laquelle il dit vouloir "relever" une France "abaissée" et confirme son intention de "renégocier le traité européen" sur les finances publiques.

L'Europe, dit-il, "n'est pas condamnée à la récession". "Fort de votre soutien, je renégocierai le traité européen pour engager des grands projets d'avenir et nous protéger de la concurrence déloyale dans la mondialisation".

Mardi soir, le candidat socialiste avait affirmé à l'adresse de la chancelière allemande Angela Merkel, qui soutient Nicolas Sarkozy: "le sérieux budgétaire oui, l'austérité à vie, non".

"Elle a dirigé l'Europe avec Nicolas Sarkozy. On en voit les résultats! Si je suis élu président de la République, il y aura un changement de la construction européenne", a-t-il promis sur la chaîne TF1.

Le candidat socialiste, qui devait tenir une conférence de presse mercredi après-midi à Paris, considère qu'il peut obtenir des soutiens en Europe pour convaincre l'Allemagne de renforcer les politiques en faveur de la croissance et de l'emploi.

Il a reçu le soutien inattendu mercredi du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi. "Nous avons un pacte budgétaire (...) nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance", a-t-il affirmé.


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