Saveurs arabes dans le creuset américain

Hdhod - Nadia Eldemerdash

Nadia Eldemerdash (Hdhod) - Alors que le président Barack Obama cherche à harmoniser les relations entre l’Amérique et le monde arabe, il sera intéressant d’observer la façon dont ces relations évolueront aussi à l’intérieur des Etats-Unis, entre Arabes américains et l’ ‘‘American mainstream’’.

Saveurs arabes dans le creuset américain
En tant qu’enfant arabe ayant grandi aux Etats-Unis, j’ai souvent eu l’impression que ma culture et mon patrimoine arabes n’étaient pas présents dans le creuset américain. Au début des années 90, la culture américaine différenciait les personnes selon leur race et leur culture; il y avait les blancs, les noirs et les hispaniques mais guère d’autres catégories.

Cette distinction a très nettement été propagée par les médias du divertissement qui, d’une manière générale, ne sont pas parvenus et ne parviennent toujours pas à dépeindre la vie de tous les jours et les préoccupations quotidiennes d’autres groupes culturels dans la société américaine. Cet état de fait a rejailli sur la société elle-même, qui a fini par ne reconnaître que ces trois segments, tous les autres représentant une mystérieuse frange minoritaire.

L’un de mes plus vifs souvenirs remonte au jour où, petite fille dans l’Ohio, j’ai été incapable de choisir entre une poupée noire et une poupée blanche parce que je trouvais qu’aucune des deux ne me représentait. Cette expérience, parmi d’autres, m’a perturbée et j’ai désespérément eu besoin d’un signe montrant que les gens qui n’entraient pas dans l’une de ces deux catégories extrêmes faisaient tout de même partie de la culture américaine.

Plus tard, j’ai commencé à voir des Asio-Américains dans le mélange des identités représentées par les médias, mais les Arabes et les musulmans, bien que représentés dans les mêmes proportions, restaient invisibles dans le courant dominant des médias américains et donc dans la société.

En Amérique, la métaphore ‘‘creuset’’ est souvent employée pour expliquer la façon dont les différentes cultures des immigrés du pays ont fusionné pour former un unique parfum culturel. Cette métaphore renferme essentiellement l’espérance que les nouveaux venus s’intégreront complètement dans la société traditionnelle.

En conséquence, les enfants américains de toutes origines devraient partager une expérience relativement commune comme assister au bal de fin d’année marquant la fin des études secondaires, suivre des cours de danse ou aller à des soirées pyjama chez des amis. Cependant, beaucoup d’Arabes et surtout beaucoup de musulmans, y compris ma famille, ont le sentiment que leur culture est incompatible avec certaines des ces activités, aussi sont-ils incapables de prendre part à ces expériences américaines quintessencielles.

Cela a permis de nous distinguer plus facilement comme étrangers, de nous percevoir, en tant que groupe, comme différents, plutôt que de voir en nous l’humanité et les désirs partagés par quiconque cherche à atteindre le rêve américain. Beaucoup d’Arabes américains sont nés aux Etats-Unis et y ont vécu toute leur vie et leur souhait le plus cher est le même que celui de tous les Américains. Les Arabes immigrent en Amérique dans l’espoir d’une vie meilleure pour eux et pour leur famille, comme tous les immigrés. Ils veulent avoir un emploi rémunéré et mener une vie paisible avec les leurs.

L’assimilation totale a t-elle été exigée dans l’élaboration d’une société américaine puissante? L’assimilation garantit-elle la sécurité dans le pays d’origine? A mon avis, la réponse est non.

En réalité, la culture américaine a plus été un ensemble multiculturel qu’un creuset d’assimilation. La traditionnelle culture blanche protestante qui a dominé la société américaine pendant des années a progressé et la société dans son ensemble accepte davantage les différences culturelles. Aujourd’hui, les gens d’origines diverses se lèvent et déclarent être fiers de leur héritage individuel.

En fait, la culture américaine traditionnelle a tenté d’incorporer des aspects d’autres cultures. Par exemple, l’émission bilingue pour enfants intitulée ‘‘Dora l’exploratrice’’, qui enseigne l’espagnol de manière interactive, est populaire auprès des enfants de tous les milieux. Des cuisines différentes telles que la cuisine italienne et la cuisine chinoise sont répandues dans l’alimentation des Américains. Des films comme ‘‘My Big Fat Greek Wedding’’ célèbrent le patrimoine et la populaire émission de télévision, ‘‘The OC’’, a introduit Chrismukkah, un mélange de Noël et de Hanukah.

Cela peut également arriver avec les cultures arabes et musulmanes. Il se pourrait qu’un jour, la langue arabe soit enseignée comme deuxième langue populaire dans les écoles américaines, non pas grâce à la politique mais parce que c’est une langue belle et expressive. Les films et les émissions de télévision célèbreraient alors la famille arabo-américaine et soutiendraient son individualité et sa personnalité, l’adoptant comme partie du mélange culturel américain plutôt que la fuyant.

Les Américains apprendront-ils à apprécier des musiciens comme les Outlandish, un groupe multireligieux, multi-ethnique, dont les chansons sont axées sur la religion et la vie, et Native Deen, un groupe d’Africains américains musulmans qui chantent les difficultés rencontrées par les musulmans en Amérique?

Les différentes cultures apporteront toujours du piment dans le creuset multiculturel américain et c’est ce qui fait toute la saveur de l’Amérique.


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