Scandale des écoutes: Brooks libérée sous caution, le chef de Scotland Yard
AFP
Londres - L'onde de choc du scandale des écoutes au sein du groupe de presse de Rupert Murdoch a continué à se propager avec l'arrestation dimanche suivie quelques heures après de la libération sous caution de l'ex-directrice de sa division britannique Rebekah Brooks, ainsi qu'avec la démission fracassante du chef de Scotland Yard.

Paul Stephenson
"Je peux confirmer que (Rebekah Brooks) a été libérée ce soir sous caution jusqu'à fin octobre", selon le porte-parole, information fournie également par Scotland Yard.
Rebekah Brooks avait été arrêtée après sa convocation dans un commissariat de Londres dans le cadre de l'enquête sur les écoutes au sein du News of the World (NotW), un des tabloïdes du magnat des médias, fermé il y a huit jours à cause du scandale.
La directrice de News International, acculée à la démission vendredi, est soupçonnée "de participation à l'interception de communications" et de "corruption".
La rousse flamboyante, connue pour son entregent politique, était rédactrice en chef du News of the World au moment où une partie des écoutes ont été réalisées.
Cette arrestation était la dixième intervenue dans le cadre de l'enquête rouverte en janvier sur le scandale des écoutes téléphoniques pratiquées à grande échelle depuis le début des années 2000 par le tabloïde.
Quelques heures après ce coup de tonnerre, le chef de Scotland Yard, Paul Stephenson, mis en cause pour son attitude dans cette affaire, a annoncé sa démission, en direct à la télévision.
"J'ai pris cette décision en raison des spéculations et des accusations sur les liens entre la Metropolitan police (l'autre nom donné à Scotland Yard, NDLR) et News International" et "en particulier avec Neil Wallis", ex-rédacteur en chef adjoint du NotW, a expliqué Paul Stephenson.
"Mon intégrité est totale", a-t-il cependant assuré.
Le Premier ministre britannique David Cameron a jugé qu'il s'agissait "d'un moment très triste pour lui", ajoutant: "Je lui souhaite du bien pour l'avenir".
Face à cette affaire, M. Cameron risquait lui-même d'être mis en difficulté, estimait de son côté lundi la presse britannique.
Pour sa part, Neil Wallis, qui est soupçonné "d'avoir conspiré en vue d'intercepter des communications", a été arrêté jeudi.
Scotland Yard, accusé d'avoir traîné les pieds dans la conduite de l'enquête, avait dû admettre cette semaine avoir recruté un temps le journaliste comme consultant en relations publiques, après son départ du tabloïde.
Neil Wallis était aussi consultant d'un luxueux hôtel où le chef de la police a passé cinq semaines de convalescence cette année, selon la presse.
La polémique sur les liens étroits que News of the World entretenait avec la police, assortie de soupçons de corruption, a aussi été alimentée par la révélation que Stephenson avait rencontré à 18 reprises les dirigeants de News International entre 2006 et 2010.
Depuis deux semaines, Rupert Murdoch tente de calmer la tempête politico-judiciaire déclenchée par la découverte des pratiques du NotW. Il a publié des excuses dans la presse, sacrifié Les Hinton, un autre de ses lieutenants et renoncé au rachat de la totalité du bouquet satellitaire BSkyB. Mais rien n'y fait.
L'opposition britannique est repartie à l'offensive dimanche, demandant le démantèlement de son groupe britannique et des limites à sa toute puissance. Même le vice-Premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg a jugé nécessaire un réexamen des règles sur le pluralisme.
A la Bourse de Sydney lundi, l'action du groupe News Corp perdait plus de 5%. Le titre avait déjà cédé plus de 11,9% la semaine dernière.