Scénarisation, coaching et buzz: le cocktail gagnant de la téléréalité
AFP
Paris - Pour profiter de leur célébrité éphémère et la rentabiliser au maximum, les nouveaux candidats de la téléréalité, comme ceux de "Qui veut épouser mon fils ?", n'hésitent plus à solliciter les services d'un coach, pour le plus grand bénéfice des chaînes et de la presse people.

Fils, mères, prétendantes: tous affichent des profils caricaturaux (macho, geek, bimbo..) dans cette émission déjà culte qui doit beaucoup à la mise en scène de la production et au coaching des candidats.
"+Qui veut épouser mon fils?+ est totalement scénarisée et les candidats jouent le rôle qu'on leur a assigné. Le côté réel ou pas, c'est devenu totalement secondaire", estime Virginie Spies, maître de conférences à l'université d'Avignon, spécialiste de la relation entre télévision, presse et people, interrogée par l'AFP.
L'émission, qui charrie son lot de révélations et de scandales chaque semaine, n'hésite d'ailleurs pas à faire quelques entorses avec la réalité, certains candidats se révélant non célibataires ou ne vivant plus avec leur maman poule.
Chez TF1, on parle désormais de "téléréalité comédie", un nouveau genre, relayé aussi sur le web avec un déferlement de vidéos. Détenue par TF1, la plate-forme d'hébergement de vidéos, Wat.tv, à l'image de YouTube ou Dailymotion, est un formidable relais pour ses programmes télévisés. L'un des candidats, Alban, DJ à ses heures, y a d'ailleurs lancé son premier clip.
Pour faire du buzz, les candidats qui sortent du lot sont désormais pris en main par des agents.
Star de l'émission, l'Italien Giuseppe, caricature de macho, s'est attaché les services du paparazzi Jean-Claude Elfassi, reconverti en coach des candidats de la téléréalité. Objectif: apprendre à tirer parti au maximum de cette notoriété éclair.
Des interviews avec photos peuvent se monnayer entre 2.000 et 5.000 euros dans la presse people. Un pactole non négligeable.
"Il y a de moins en moins de naïveté chez les candidats", souligne Laurence Piau, directrice de la rédaction du magazine Closer (500.000 exemplaires), dans un entretien avec l'AFP. "Les candidats parlent d'eux-mêmes comme des comédiens. Ils disent: +J'ai joué dans Secret Story!+".
"Les candidats de la téléréalité ont une durée de vie limitée", relève-t-elle. "Ils ont besoin de la presse people, comme Public ou Closer, pour exister et faire du buzz permanent", ajoute Virginie Spies.
Sous couvert de rechercher l'âme soeur, Giuseppe, Alexandre, Florent, Alban et Benjamin ont bien compris le mécanisme de la téléréalité: un accélérateur de célébrité.
Pour Laurence Piau, "tout a changé à partir de 2005, avec l'émission +l'Ile de la Tentation+. A partir de ce moment-là, les candidats se sont gérés tout seuls. Les services de presse ont lâché l'affaire et les candidats ont déboulé dans les rédactions pour vendre leurs reportages".
"Il y a 10 ans dans le Loft, analyse Virginie Spies, les candidats comme Loana et Jean-Edouard étaient de vrais gens, encore amateurs. Très vite, les nouveaux candidats de la téléréalité se sont servis du système et sont devenus de vrais pros".