Sénégal : L’homosexualité fait débat à Dakar
courrierinternational.com/Alain Ndiaye
Le “pays de la Teranga” [du “bon accueil” en langue wolof] serait-il un bastion de l’homophobie ? En tout cas, la polémique a repris de plus belle au Sénégal après la libération des neuf homosexuels arrêtés à Mbao, dans la banlieue dakaroise, pour avoir célébré un mariage gay.
Ainsi, de véritables chasses aux goorjigen (terme péjoratif qui signifie littéralement “homme-femme” en wolof), comme on les appelle, ont eu lieu dans les rues de Dakar. Pis, certains des protagonistes du mariage gay de Mbao, après avoir échappé de peu au lynchage, n’ont dû leur salut qu’à l’exil, à l’image de leur icône, Pape Mbaye (homosexuel notoire), réfugié aux Etats-Unis avec le concours d’associations gays. Pourtant, alors qu’il y a peu de temps presque personne n’osait prendre publiquement la défense des homosexuels, les temps changent. Alioune Tine, le secrétaire général de la RADDHO, une organisation de défense des droits de l’homme, considère que “l’Etat doit garantir le droit à l’intimité” et rappelle aux autorités sénégalaises que "nous venons de célébrer Durban 2, il est temps que le Sénégal lutte contre toute forme de discrimination : race, sexe, religion, mais aussi orientation sexuelle… Il faut donc immédiatement dépénaliser l’homosexualité.” Mieux, dans une interview qui a fait l’effet d’une bombe, accordée au quotidien L’Observateur, le sociologue Cheikh Niang a mis les pieds dans le plat en banalisant cette question, estimant que “la diversité sexuelle, le fait qu’il y ait différentes formes d’orientation sexuelle, est un phénomène anthropologique qui a existé dans toutes les sociétés”.