Sharon inhumé en terre d'Israël, tout près de Gaza

AFP

Ferme des Sycomores (Israël) - Le général Sharon a été porté en terre lundi après-midi avec les honneurs militaires dans sa ferme des Sycomores, dans le désert du Néguev, selon sa volonté, aux côtés de sa seconde épouse, Lily, au milieu des palmiers et des moutons.

Sur une colline surplombant la ferme, à proximité de la bande de Gaza évacuée unilatéralement sur ordre de Sharon en 2005, l'assistance de quelques centaines de personnes suivait la cérémonie sur des chaises en plastique disposées devant des écrans géants.

Pour son ancien conseiller juridique Ravid Yoram, qui se flatte de l'avoir compté parmi ses amis, "Sharon restera d'abord et avant tout comme un héros de guerre".

"Son héritage est beaucoup plus positif que négatif", assure l'avocat.

Selon un ancien soldat des commandos "Rimon", une unité de l'armée créée en 1970 à l'initiative de Sharon pour traquer les combattants palestiniens dans la bande de Gaza, "il était notre ami et notre père".

Un vieux Bédouin du Néguev venu lui rendre hommage, Deif al-Tarabine, confie que le défunt "était bon avec tout le monde, bien qu'il ait eu la fonction difficile de Premier ministre".

"C'était un héros, il était très courageux", renchérit Hana Danieli, une femme d'une soixantaine d'années.

Selon un autre participant, Noam Ariel, "il n'y a aucun dirigeant en Israël aujourd'hui qui ait l'autorité et le charisme de Sharon".

"Chaque décision qu'il a prise a marqué un tournant (historique)", confirme le commandant Shlomo Ajami, qui a participé à l'invasion du Liban en 1982, planifiée et exécutée par Sharon, alors ministre de la Défense.

Shlomo Golan, 80 ans, qui a combattu pendant l'expédition de Suez en 1956, reproche néanmoins à Sharon son rôle dans les massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth par ses alliés phalangistes chrétiens libanais à Beyrouth en septembre 1982.

"Bien sûr, je suis en désaccord avec certaines de ses décisions en tant que ministre de la Défense, mais je suis quand même là pour lui rendre hommage", explique-t-il

Yaakov Cohen, 78 ans, qui a servi dans l'armée sous Sharon en 1954-1955, raconte "l'avoir bien connu. Nous nous sommes même douché ensemble". "Je n’étais pas d'accord avec le retrait de Gaza, mais si Sharon a décidé que c’était ce qu'il fallait faire, alors il avait raison", estime-t-il.

Héritage du combattant

Aux grandes portes électriques du ranch, des moutons bêlent entre les voitures du Shin Beth, le service de sécurité intérieure.

Compte tenu de la proximité de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, les services de sécurité ont dépêché des renforts et élevé leur niveau d'alerte.

Huit généraux israéliens ont porté le cercueil, enveloppé du drapeau bleu et blanc frappé de l'étoile de David, pendant qu'étaient psalmodiées des prières funéraires.

Ils ont ensuite descendu la bière dans la tombe avant de la recouvrir de terre.

Selon la tradition juive, les deux fils du défunt, Omri et Gilad, dont un rabbin militaire avait déchiré le col de la chemise en signe de deuil, ont récité le "Kaddish", la prière des morts.

Prononçant l'éloge funèbre, le chef d'état-major, le général Benny Gantz a promis de rester fidèle à l'héritage du "combattant", rappelant sa longue carrière militaire.

Des batteries du système antimissile mobile "Iron Dome" (Dôme de Fer) ont été déployées dans le secteur et le nombre de drones surveillant en permanence la bande de Gaza a été augmenté pour parer à d'éventuels tirs de roquettes.

De l'autre côté de la frontière, le "héros de guerre" Sharon est considéré comme un "criminel de guerre" qui aura échappé à la justice internationale.

"Il a laissé une profonde blessure et une grande souffrance au peuple palestinien, qui ne peuvent pas être oubliées facilement", souligne Taleb al-Nounou, qui regarde la retransmission des cérémonies dans un café de Gaza.


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