Silvio Berlusconi pour la première fois depuis huit ans devant un tribunal

AFP

Milan (Italie) - Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, décrié pour l'adoption de lois lui permettant d'échapper à ses ennuis judiciaires, s'est présenté pour la première fois depuis huit ans devant un tribunal, à Milan (nord), pour une audience sans grand enjeu.

Silvio Berlusconi
Silvio Berlusconi
Le Cavaliere est entré directement en voiture dans l'enceinte du palais de justice avec son escorte puis il s'est rendu au septième étage, dont l'accès a été bloqué.

Il est venu participer à une audience préliminaire, la première d'une série de quatre ou cinq, pour décider s'il doit être jugé ou non pour fraude fiscale et abus de confiance concernant la surfacturation présumée de droits télévisés achetés par Mediatrade-RTI, une société de son empire, à des majors américaines.

M. Berlusconi a fait un signe de la main aux nombreux photographes et cadreurs qui se pressaient devant l'entrée. L'audience, qui a débuté vers 08H00 GMT, se tient à huis clos.

Une centaine de militants de son parti, Peuple de la Liberté (PDL), l'attendaient à l'extérieur avec des banderoles clamant: "la politique dans les urnes pas dans les tribunaux", "la justice n'existe pas là où il n'y a pas de liberté" et "Silvio tu dois résister, résister, résister".

Une altercation verbale a eu lieu entre les militants de son parti et ceux de l'opposition du parti Italie des valeurs (IDV) dirigé par la bête noire de M. Berlusconi, l'ex-juge anticorruption Antonio Di Pietro.

"Nous voulons montrer une Italie qui n'est pas d'accord avec ce que fait le président du Conseil", a expliqué à l'AFP Luca Ragone, un étudiant de 28 ans, élu IDV à Milan.

Ce militant a mis en doute la volonté de M. Berlusconi de se rendre à toutes les audiences judiciaires le concernant.

"Nous ne voulons pas qu'il vienne à cette audience préliminaire qui n'est pas un procès, et ne vienne pas aux autres procès où il est vraiment jugé", a-t-il expliqué. "Bienvenue, ils t'attendent à l'intérieur", indiquait une des pancartes d'IDV.

La dernière fois que Berlusconi s'est présenté devant la justice remonte à juin 2003 dans le procès SME (vente manquée de ce groupe agro-alimentaire à l'industriel Carlo De Benedetti) pour lequel il fut acquitté quatre ans plus tard. D'habitude, il se fait représenter par ses avocats.

M. Berlusconi est actuellement jugé dans deux autres affaires (Mills pour corruption de témoin et Mediaset pour fraude fiscale). Il est convoqué le 6 avril pour le procès Rubygate où il est accusé d'avoir rémunéré les prestations sexuelles de "Ruby", une Marocaine mineure à l'époque, et d'avoir utilisé sa fonction pour la faire libérer lors de son interpellation.

Avant de se rendre au tribunal, le chef du gouvernement a dénoncé, dans un appel téléphonique à l'une des chaînes privées lui appartenant, Canale Cinque, des "accusations ridicules et infondées" dans l'affaire Mediatrade.

"Dans Mediaset (maison-mère de Mediatrade), je ne me suis jamais occupé de l'achat de droits de retransmission. Depuis que je suis entré en politique en 1994, je me suis éloigné des entreprises que j'ai créées", a-t-il argué.

Il s'en est pris aussi à la gauche, en affirmant qu'en "Italie, le communisme n'a jamais changé: il y a encore des gens qui utilisent le code pénal comme instrument de lutte idéologique".

Les poursuites et procès contre M. Berlusconi suspendus ces trois dernières années à la faveur de plusieurs lois adoptées par son gouvernement ont repris depuis la levée partielle de son immunité judiciaire à la mi-janvier.

Silvio Berlusconi a été condamné dans le passé à un total de 6 ans et 5 mois de prison ferme pour corruption, faux en bilan et financement illicite d'un parti politique. Mais il a ensuite été acquitté ou a bénéficié de prescriptions.


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