Sinaï: 20 activistes tués dans des raids d'hélicoptères égyptiens
AFP
Le Caire - Vingt activistes ont été tués mercredi dans des frappes menées à l'aube par des hélicoptères de l'armée égyptienne dans le Sinaï, a indiqué un responsable militaire, trois jours après la mort de 16 gardes-frontières dans une attaque attribuée à des islamistes extrémistes.
L'attaque a visé le village de Toumah, dans le nord du Sinaï, après que des troupes se sont massées dans le secteur, à la frontière avec l'enclave palestinienne de Gaza.
Un haut responsable militaire dans le Sinaï a déclaré à la presse, sous couvert de l'anonymat, que "20 terroristes avaient été tués" dans ces frappes menées par des hélicoptères Apache, lorsque la deuxième division d'infanterie a pris d'assaut Toumah. "L'opération se poursuit", a-t-il ajouté.
D'autres responsables de la sécurité dans le nord du Sinaï ont fait part de frappes près de la ville de Cheikh Zouwayid, non loin du village.
Dans la nuit, des assaillants non identifiés avaient attaqué des points de contrôle près de la ville d'Al-Arish, sur la côte nord du Sinaï, où trois policiers ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.
L'agence officielle Mena, dans sa version de l'opération, ne fait toutefois pas état de tirs depuis des hélicoptères, et ne mentionne pas précisément le nombre de tués.
"Des éléments terroristes ont tiré des roquettes, des obus et à l'arme automatique (.) contre des appareils qui participaient aux recherches, mais ils ne les ont pas atteints. Les forces terrestres les ont ensuite affrontés et ont tué un certain nombre d'entre eux", affirme l'agence.
Israël, également visé par l'attaque de dimanche dernier, a souhaité le succès cette opération et salué les efforts menés par Le Caire pour reprendre en mains une région où l'insécurité a fortement progressé depuis la chute du président Hosni Moubarak en février 2011.
"La responsabilité du Sinaï relève de la seule Egypte, qui fait tout ce qui est dans son pouvoir pour lutter contre le terrorisme. Son succès permettra d'éviter des attentats terribles", a affirmé à la radio publique Amos Gilad, un haut responsable du ministère de la Défense.
"Les organisations extrémistes constituent une menace pour tout le Moyen-Orient, et pas seulement pour l'Egypte et cela a déclenché quelque chose, ils (les Egyptiens) en ont mieux pris conscience et sont passés à l'action", a-t-il ajouté.
- "La plus importante opération de l'armée égyptienne depuis 1973"-
Selon les médias israéliens, l'opération lancée par l'armée égyptienne est la plus importante menée depuis la guerre de 1973 ("guerre du Kippour").
Ces frappes interviennent quelques heures après les funérailles militaires, au Caire, des 16 gardes-frontières tués dimanche soir près de la frontière avec Israël par un commando qui s'est ensuite infiltré sur le territoire israélien où il a été neutralisé.
L'armée égyptienne avait promis lundi de "venger" ces gardes-frontières, qualifiant les assaillants de "terroristes" et affirmant qu'ils avaient été appuyés par des tirs de mortier depuis la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Mardi, des soldats et des policiers égyptiens avaient mené des perquisitions, à la recherche de suspects, dans des maisons situées dans le secteur de l'attaque, selon des responsables de la sécurité.
Un correspondant de l'AFP a également vu des poids-lourds transportant des bulldozers vers la ville de Rafah, à la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. Ces engins pourraient servir à fermer les tunnels de contrebande entre l'Egypte et l'enclave palestinienne.
- "Relations difficiles entre les Bédouins et le pouvoir central" -
L'Egypte a aussi décidé dimanche soir de fermer "sine die" le terminal de Rafah, unique point de passage entre le territoire palestinien et le monde extérieur à ne pas être contrôlé par Israël.
Le président égyptien Mohamed Morsi avait déclaré peu après l'attaque que des "instructions claires" avaient été données pour reprendre "le contrôle total du Sinaï".
L'armée égyptienne n'est que très faiblement présente dans cette péninsule en vertu de la démilitarisation prévue par les accords de 1979, qui ont permis la restitution du Sinaï à l'Egypte.
L'armée égyptienne avait lancé à l'été 2011 une vaste offensive contre des groupes radicaux installés dans cette région désertique et accidentée, propice aux activités clandestines, mais sans mener d'attaques aériennes.
Les Bédouins, qui constituent la majorité de la population, entretiennent de longue date des relations difficiles avec le pouvoir central à qui ils reprochent de les délaisser et de n'accorder d'attention qu'aux lucratives stations touristiques de la côte, comme Charm el-Cheikh ou Taba et au pompage de gaz vendu à Israël.
La situation dans le Sinaï s'est également aggravée avec la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye, qui s'est traduite par de nombreux trafics d'armes en provenance de ce pays vers la zone frontalière israélo-égyptienne.