Six tués dans un raid mauritanien contre les ravisseurs d'un français
AFP
Nouakchott - La Mauritanie a affirmé vendredi avoir tué six membres d'un groupe terroriste lors d'une opération soutenue par la France, menée contre l'organisation qui détient un otage français menacé d'une exécution imminente.
"Six membres d'Aqmi ont été tués et quatre ont pris la fuite", a déclaré le ministre qui a précisé que l'un des fuyards avait été "blessé". Il a assuré que ce groupe s'apprêtait à lancer le 28 juillet une attaque en Mauritanie, sans en préciser la nature.
"L'opération ne s'est pas déroulée sur notre territoire mais non loin de nos frontières", a-t-il assuré, sans préciser où, mais en laissant entendre qu'il s'agissait du Mali.
La France a indiqué avoir apporté un "soutien technique et logistique" à l'armée mauritanienne lors de cette opération qui visait, selon Paris, le groupe qui détient Michel Germaneau, un Français de 78 ans, enlevé en avril au Niger, et qu'Aqmi menace d'exécuter.
"L'opération conduite par les Mauritaniens a permis de neutraliser le groupe de terroristes et de faire échec au projet d'attaque contre des objectifs mauritaniens", a indiqué le ministère français de la Défense dans un communiqué.
Le groupe visé était "celui qui refuse de donner des preuves de vie et d'engager le dialogue en vue de la libération" de Michel Germaneau, a assuré le ministère français.
Cette cellule d'Aqmi dirigée par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd avait exécuté, il y a 13 mois, un otage britannique, Edwin Dyer.
Cette fois encore, Aqmi menace de mort l'otage français si elle n'obtient pas avant le 26 juillet la libération de plusieurs de ses membres détenus dans des pays de la région.
Le ministre mauritanien de l'Intérieur, M. Ould Boilil, a cependant assuré que l'opération n'avait pas pour but de libérer Michel Germaneau. Il s'agissait selon lui d'"empêcher des terroristes" d'attaquer la Mauritanie "le 28 juillet".
"Nous remercions la France pour l'appui en renseignements fourni à cette opération", a déclaré M. Ould Boilil, ajoutant qu'"aucune perte humaine ou matérielle n'avait été enregistrée du cô té mauritanien" et que l'opération avait permis de saisir des "explosifs, armes et munitions, ainsi que du matériel de télécommunications".
Vendredi, le président malien Amadou Toumani Touré a quitté N'Djamena avant la fin du sommet de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad), afin de rentrer précipitamment à Bamako où il devait rencontrer de hauts responsables de la sécurité mauritanienne.
Un médiateur malien, impliqué dans de nombreuses libérations d'otages européens dans la région, avait affirmé jeudi que l'opération menée au Mali était bien une tentative pour libérer l'otage français. "Il semble qu'ils (les Mauritaniens, ndlr) seraient allés chercher l'otage français mais qu'ils ne l'auraient pas vu sur place", avait-il déclaré à l'AFP à Bamako.
Selon le quotidien espagnol El Mundo, ce sont des "forces spéciales françaises" qui ont mené le raid avec "l'appui logistique et technologique des Etats-Unis".
A Washington, le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley a cependant déclaré que les Etats-Unis n'étaient pas impliqués dans cette opération, mais qu'ils avaient partagé des renseignements avec la France et la Mauritanie.
Cette opération a suscité "l'inquiétude" de l'exécutif espagnol, soulignent les journaux El Pais et ABC, alors que deux Espagnols sont séquestrés par Aqmi, depuis près de huit mois.
Le numéro deux du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, qui n'a pas souhaité faire de commentaire sur le raid, a toutefois souligné vendredi que les deux otages espagnols allaient "bien" et que leurs ravisseurs n'étaient "pas les mêmes que ceux du citoyen français".