Snowden toujours à Moscou, la Russie rejette toute pression
AFP
Moscou - La Russie a répété mercredi qu'aucune "menace" américaine ne la contraindrait à livrer Edward Snowden, l'ex-consultant de la NSA qui a demandé l'asile politique à l'Equateur.
Le haut responsable a affirmé que l'ex-consultant de la NSA, comme le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, étaient les "nouveaux dissidents" qui se battent contre le "système".
Les Etats-Unis ne cessent de réclamer l'arrestation et l'extradition d'Edward Snowden depuis qu'il est arrivé dimanche en provenance de Hong Kong. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a menacé lundi Moscou et Pékin de répercussions dans leurs relations avec Washington.
Après trois jours de flou -- Edward Snowden était resté invisible après son arrivée présumée dimanche dans la capitale russe et n'avait pas pris un vol le lendemain pour Cuba sur lequel il était enregistré --, le président russe a confirmé mardi soir sa présence.
"Pour nous, c'était totalement inattendu", a affirmé Vladimir Poutine, en visite en Finlande.
L'Américain, âgé de 30 ans, s'était réfugié à Hong Kong en mai avant de faire de fracassantes révélations sur l'espionnage par l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine de communications téléphoniques et Internet aux Etats-Unis et à l'étranger.
"Il est arrivé en tant que passager de transit et en tant que tel il n'a pas besoin de visa ni d'autres documents", a également expliqué M. Poutine.
"Il est libre d'acheter un billet et de se rendre où il veut", a-t-il ajouté, écartant de facto toute intervention russe.
Une source citée mercredi par l'agence Interfax a affirmé que la raison pour laquelle le jeune Américain était resté dans la zone de transit de l'aéroport de Cheremetievo à Moscou était qu'il n'avait aucun document de voyage valide après que les Etats-Unis ont révoqué son passeport.
"Le passeport américain de Snowden est annulé, il n'a aucun autre papier, témoignant de son identité. C'est pourquoi, il est obligé de rester dans la zone de transit de Cheremetievo, et donc il ne peut pas entrer en Russie, ni acheter un billet", a affirmé cette source.
"Snowden pourrait rester en permanence en Russie à cause de l'annulation de son passeport et du harcèlement des pays intermédiaires", avait également déclaré mardi sur son compte Twitter le site WikiLeaks de Julian Assange, qui a pris activement la défense d'Edward Snowden.
Le jeune Américain a notamment demandé l'asile à l'Equateur, dont l'ambassadeur se serait entretenu avec Snowden à son arrivée dimanche.
Ce pays n'a cependant toujours pas fait état de sa décision sur l'asile politique, alors que les craintes de représailles commerciales de la part des Etats-Unis s'intensifient en cas de réponse favorable.
Le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, a indiqué que le département d'Etat américain avait "envoyé un message au gouvernement d'Equateur", sans en révéler la teneur.
L'Equateur a déjà accordé l'asile à Julian Assange, lui-même recherché par les Etats-Unis pour avoir publié en 2010 des centaines de milliers de documents diplomatiques confidentiels. Ce dernier est réfugié depuis un an dans l'ambassade de ce pays à Londres.
Mardi, le Venezuela a lui aussi fait savoir qu'il était prêt à examiner une éventuelle demande d'asile d'Edward Snowden.
"Nous n'avons pas reçu de demande officielle, mais si c'était le cas, nous l’étudierions", a assuré le président vénézuélien Nicolas Maduro lors d'une visite en Haïti.
Après les déclarations du président russe, les Etats-Unis ont insisté, mardi, pour que Moscou interpelle et lui livre Edward Snowden.
"Bien que nous n'ayons pas d'accord d'extradition avec la Russie, il existe néanmoins une base juridique claire pour renvoyer M. Snowden" aux Etats-Unis, a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Caitlin Hayden.
"Nous demandons au gouvernement russe d'agir pour expulser M. Snowden sans délai", a ajouté Mme Hayden.
La Maison Blanche était également très remontée contre Hong Kong, qui a laissé partir Edward Snowden en affirmant ne pas être en mesure légalement de l'interpeller.
L'Américain encourt 30 ans de prison dans son pays où il a été inculpé notamment d'"espionnage".
L'ancien juge espagnol Baltasar Garzon, qui assure la défense de Julian Assange et de Wikileaks, a cependant annoncé qu'il avait décidé de ne pas le faire pour Edward Snowden, malgré une demande en ce sens.