Srebrenica: des milliers de personnes affluent, 14 ans après le massacre
AFP
Srebrenica - Des milliers de personnes affluaient samedi vers Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, pour commémorer le massacre en 1995 d'environ 8.000 Musulmans par les forces serbes bosniaques, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, rapporte un correspondant de l'AFP.
Pour la première fois, cet événement devait être commémoré aussi dans les pays de l'Union européenne suite à une résolution adoptée en janvier par le Parlement européen.
La cérémonie, qui devait avoir lieu au cimetière commémoratif de Potocari, situé à l'entrée de Srebrenica, devait commencer vers 10H00 GMT. Elle devait être marquée par l'enterrement des restes de 534 victimes identifiées, âgées de 14 à 75 ans au moment de la tragédie.
Munevera Begic, qui va enterrer son père Hajrudin, est toujours hanté par les souvenirs des moments ayant précédé le massacre.
"J'avais 14 ans alors. Il me tenait par la main quand ils nous ont séparés. Je revois toujours cet instant", dit-elle les larmes aux yeux.
Hatidza Mehmedovic, elle, n'a toujours pas retrouvé son fils.
"Malgré toute la tragédie, on arrive à être heureux quand on retrouve des os de nos enfants. Mais moi, je n'ai pas eu cette chance", murmure-t-elle.
Des restes de quelque 3.200 personnes identifiées, après avoir été exhumés de quelque 70 charniers de la région, ont déjà été enterrés à Potocari depuis l'inauguration du mémorial en 2003.
Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par la Cour internationale de justice.
Mais en Bosnie, divisée depuis la fin de la guerre de 1992-95 en deux entités, l'une serbe et l'autre croate-musulmane, cette initiative ne fait pas l'unanimité.
Un projet de loi prévoyant une journée de commémoration "dans le pays entier" a été bloqué mercredi au Parlement par les députés serbes bosniaques.
Inculpé pour le massacre de Srebrenica, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été arrêté en juillet 2008 à Belgrade après 13 ans de cavale. Il sera jugé par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie de génocide, crimes de guerre et crime contre l'humanité.
L'ancien chef militaire des forces serbes bosniaques, Ratko Mladic, inculpé des mêmes chefs d'accusation, est toujours en fuite.