Suisse et minarets: "une expression d'intolérance", selon Bernard Kouchner
AFP
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est déclaré lundi "un peu scandalisé" par le vote suisse interdisant les minarets, qui est selon lui "une expression d'intolérance".
"J'espère que les Suisses reviendront sur cette décision assez vite", a-t-il ajouté. "C'est une expression d'intolérance et je déteste l'intolérance". La construction de minarets "n'est pas grand chose. Est-ce que c'est une offense dans un pays de montagnes qu'il y ait une construction un peu plus élevée?", a demandé Bernard Kouchner.
Les Suisses ont voté dimanche à 57,5% pour l'interdiction des minarets à l'appel de la droite populiste, qui dénonce un "symbole politico-religieux".
Interrogé pour savoir s'il était en faveur de l'interdiction de la burqa en France, le ministre a répondu "ne pas savoir".
La burqa "est une atteinte aux droits des femmes" qu'il faut "protéger". "C'est une restriction de leur liberté" et "dans les services publics, je crois qu'il faut (la) refuser. Maintenant qu'on se promène en burqa dans la rue, c'est aussi une liberté élémentaire", a-t-il relevé.
Le chef du parti présidentiel UMP, Xavier Bertrand, a estimé de son cô té que la question de l'interdiction des minarets votée par référendum en Suisse ne se posait pas en France et n'avait "rien à voir" avec celle de la burqa.
"Est-ce que la question nous est posée en France concernant les minarets? Bien sûr que non", a affirmé Xavier Bertrand sur la chaîne de télévision France 2. Il faut "bien évidemment des lieux de culte" pour l'islam mais "est-ce qu'il faut modifier nos règlements d'urbanisme pour permettre qu'il y ait des minarets d'une certaine taille? Je ne le crois pas", a-t-il ajouté.
Selon lui, "le sujet qui est posé en Suisse dans un contexte précis n'est pas le sujet qui est posé en France" et "n'a rien à voir avec la question de la burqa qu'il faut aujourd'hui clairement interdire en France".
Le port du voile islamique intégral, le niqab ou la burqa, fait actuellement l'objet d'un débat en France, pays qui compte environ 5 millions de musulmans, soit la communauté la plus nombreuse d'Europe. Une mission d'information parlementaire a été constituée pour étudier la question de son interdiction.