Sur les rails de Manille, on joue au chat et à la souris avec la mort
AFP
Dès que le train est passé, les "trolley boys" de Manille hissent leur chariot de fortune sur la voie ferrée et rembarquent leurs passagers. Mais s'ils évitent les immenses bouchons qui paralysent la capitale philippine, c'est au péril de leur vie.
Chaque jour, des dizaines de passagers empruntent les chariots de métal fabriqués par les "trolley boys" eux-mêmes et voyagent sur quelques segments de l'immense réseau ferré de la mégapole de 12 millions d'habitants.
Les passagers économisent ainsi du temps et de l'argent car à 10 pesos le voyage (20 cents américains), ce mode de transport n'est pas cher. Il évite aussi aux gens d'être serrés comme des sardines dans des autobus bondés et étouffants.
Mais il y a le risque permanent pour les "trolley boys" et leurs passagers d'être happés par un train s'ils ne sautent pas assez vite hors de l'attelage.
"Notre boulot est très dangereux, il faut connaître les horaires des trains", raconte Rene Vargas Almeria, 57 ans, qui pousse des passagers depuis près de 20 ans.
Cette portion de voie ferrée de 1,2 km dans le quartier de Santa Mesa est fréquentée par plus d'une vingtaine de trains par jour. Les autorités tolèrent à contre-coeur l'activité des "trolley boys" du fait de leur popularité.
Étonnamment, les victimes ne sont pas si fréquentes qu'on pourrait le penser. La police ne compile aucune statistique sur le sujet mais dit ne pas se souvenir du dernier accident mortel.
Tous ont cependant en mémoire des occasions où ils en ont réchappé de justesse.
Rodolfo Maurello, 60 ans, qui transporte des gens depuis près de deux décennies, se souvient du jour où il poussait son chariot rempli de passagers sans remarquer le train qui arrivait derrière lui.
"Le train était juste à quelques mètres", dit-il, expliquant s'être retourné à la dernière minute pour faire signe au conducteur de s'arrêter. "C'était à quelques secondes. Le grincement des freins était assourdissant".
M. Maurello est toutefois content d'être son propre patron, son charriot lui appartient. Les bons jours, il gagne l'équivalent de 10 dollars, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de ses trois enfants. Aux Philippines, une personne sur cinq gagne moins de deux dollars par jour.
Rene Almeria se souvient d'un épisode similaire. Il pensait à autre chose et avait ce jour-là un seul passager qui regardait dans la direction opposée. "J'ai tourné la tête et j'ai vu arriver le train, j'ai tiré mon charriot hors des rails. C'était vraiment limite".
Manille est notoirement malade de ses bouchons. Infrastructures insuffisantes, faiblesse des transports publics et augmentation du nombre des voitures particulières, tout concourt à ce que les gens mettent des heures pour parcourir quelques kilomètres.
La population de la capitale a augmenté de 50% entre 1995 et 2015 mais les investissements structurels n'ont pas suivi. Ce qui laisse place à la débrouille, à l'instar des "trolley boys" qui travaillent sur une poignée de segments d'un réseau ferroviaire décati fréquenté quotidiennement par 45.000 passagers.
La plupart des trajets se font sans encombre, travailleurs comme étudiants étant plongés dans la contemplation de leur smartphone. Les passagers ne sont protégés du soleil brûlant ou de la pluie que par des parasols en lambeaux.
"Il n'y a pas de circulation", explique à l'AFP Noemi Nives, une femme au foyer de 46 ans. "C'est pratique pour nous et c'est dans notre budget".
Malgré les risques et le manque de confort, les passagers sont heureux de gagner ainsi du temps et de l'argent.
Danica Lorraine, 25 ans, économise chaque jour une heure de transport avec ces pousse-pousse d'un genre spécial. Elle évite deux bus supplémentaires. "C'est très pratique", dit-elle. "Il faut juste être prudent. Très très très prudent".
Kerkleen Bongalon, une enseignante de mathématiques, a réussi à surmonter sa peur, du moins partiellement. Une partie de son trajet la fait passer au dessus du Passig, un cours d'eau à une quinzaine de mètres en contrebas. Échapper à un train signifierait sauter dans le vide et nager, une perspective peu reluisante.
"Au début, ça faisait peur", dit-elle. "Je ne sais pas nager, donc si quelque chose se passait quand on est sur le pont, je ne sais vraiment pas ce qu'on ferait".
Elle veut se rassurer: "Mais il ne va rien se passer car les trolley boys connaissent les horaires des trains. Je leur fais confiance".
Chaque jour, des dizaines de passagers empruntent les chariots de métal fabriqués par les "trolley boys" eux-mêmes et voyagent sur quelques segments de l'immense réseau ferré de la mégapole de 12 millions d'habitants.
Les passagers économisent ainsi du temps et de l'argent car à 10 pesos le voyage (20 cents américains), ce mode de transport n'est pas cher. Il évite aussi aux gens d'être serrés comme des sardines dans des autobus bondés et étouffants.
Mais il y a le risque permanent pour les "trolley boys" et leurs passagers d'être happés par un train s'ils ne sautent pas assez vite hors de l'attelage.
"Notre boulot est très dangereux, il faut connaître les horaires des trains", raconte Rene Vargas Almeria, 57 ans, qui pousse des passagers depuis près de 20 ans.
Cette portion de voie ferrée de 1,2 km dans le quartier de Santa Mesa est fréquentée par plus d'une vingtaine de trains par jour. Les autorités tolèrent à contre-coeur l'activité des "trolley boys" du fait de leur popularité.
Étonnamment, les victimes ne sont pas si fréquentes qu'on pourrait le penser. La police ne compile aucune statistique sur le sujet mais dit ne pas se souvenir du dernier accident mortel.
Tous ont cependant en mémoire des occasions où ils en ont réchappé de justesse.
Rodolfo Maurello, 60 ans, qui transporte des gens depuis près de deux décennies, se souvient du jour où il poussait son chariot rempli de passagers sans remarquer le train qui arrivait derrière lui.
"Le train était juste à quelques mètres", dit-il, expliquant s'être retourné à la dernière minute pour faire signe au conducteur de s'arrêter. "C'était à quelques secondes. Le grincement des freins était assourdissant".
M. Maurello est toutefois content d'être son propre patron, son charriot lui appartient. Les bons jours, il gagne l'équivalent de 10 dollars, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de ses trois enfants. Aux Philippines, une personne sur cinq gagne moins de deux dollars par jour.
Rene Almeria se souvient d'un épisode similaire. Il pensait à autre chose et avait ce jour-là un seul passager qui regardait dans la direction opposée. "J'ai tourné la tête et j'ai vu arriver le train, j'ai tiré mon charriot hors des rails. C'était vraiment limite".
Manille est notoirement malade de ses bouchons. Infrastructures insuffisantes, faiblesse des transports publics et augmentation du nombre des voitures particulières, tout concourt à ce que les gens mettent des heures pour parcourir quelques kilomètres.
La population de la capitale a augmenté de 50% entre 1995 et 2015 mais les investissements structurels n'ont pas suivi. Ce qui laisse place à la débrouille, à l'instar des "trolley boys" qui travaillent sur une poignée de segments d'un réseau ferroviaire décati fréquenté quotidiennement par 45.000 passagers.
La plupart des trajets se font sans encombre, travailleurs comme étudiants étant plongés dans la contemplation de leur smartphone. Les passagers ne sont protégés du soleil brûlant ou de la pluie que par des parasols en lambeaux.
"Il n'y a pas de circulation", explique à l'AFP Noemi Nives, une femme au foyer de 46 ans. "C'est pratique pour nous et c'est dans notre budget".
Malgré les risques et le manque de confort, les passagers sont heureux de gagner ainsi du temps et de l'argent.
Danica Lorraine, 25 ans, économise chaque jour une heure de transport avec ces pousse-pousse d'un genre spécial. Elle évite deux bus supplémentaires. "C'est très pratique", dit-elle. "Il faut juste être prudent. Très très très prudent".
Kerkleen Bongalon, une enseignante de mathématiques, a réussi à surmonter sa peur, du moins partiellement. Une partie de son trajet la fait passer au dessus du Passig, un cours d'eau à une quinzaine de mètres en contrebas. Échapper à un train signifierait sauter dans le vide et nager, une perspective peu reluisante.
"Au début, ça faisait peur", dit-elle. "Je ne sais pas nager, donc si quelque chose se passait quand on est sur le pont, je ne sais vraiment pas ce qu'on ferait".
Elle veut se rassurer: "Mais il ne va rien se passer car les trolley boys connaissent les horaires des trains. Je leur fais confiance".