Syrie: 8.000 personnes arrêtées, les protestataires ne cèdent pas
AFP
Damas - Le mouvement de contestation ne fléchit pas en Syrie où les militants ont annoncé la poursuite de la "révolution et des manifestations" alors qu'il y aurait environ 8.000 "détenus ou disparus" dans le pays, selon une organisation des droits de l'Homme.
Entre-temps, le président Bachar al-Assad a affirmé en recevant des notables de Deir Ezzor, Al-Boukamal et Al-Mayadine (est), que les "unités de l'armée entrées à Deraa le 25 avril achèveront leur mission très bientô t", a rapporté mercredi le quotidien privé Al-Watan, proche du pouvoir. "Tous les pays dans le monde peuvent connaître des évènements comme ceux survenus à Deraa", a-t-il ajouté
Les militants ont dénoncé la répression et les récentes arrestations massives parmi les opposants. Au moins 500 personnes sont arrêtées par jour, affirment-ils dans leur communiqué.
Le nombre de personnes "détenues ou disparues pourrait dépasser les 8.000", a indiqué pour sa part Wissam Tarif, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'Homme Insan.
Selon lui, Insan avait pu confirmer la détention de 2.843 personnes, dont 891 à Deraa et ses environs, 103 à Zabadani et 108 à Madaya, deux localités au nord-ouest de Damas, 384 dans la région de Damas, 636 à Homs et ses environs, ainsi que 317 à Lattaquié, 267 à Jableh et 37 à Tartous, trois cités de la cô te méditerranéenne.
Mais selon lui, 5.157 autres noms sont en cours de vérification, dont 4.038 à Deraa et ses environs.
"Le régime perd la raison (...) car en dépit du siège et de la brutalité dont sont victimes plusieurs villes, et les arrestations de centaines de personnes, les manifestations prennent de l'ampleur chaque jour", soulignent les militants qui contestent le régime en place en Syrie depuis 1963.
Mardi, plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté avant d'être dispersés par les services de sécurité dans le campus universitaire d'Alep (350 km au nord de Damas), l'une des rares régions à être relativement épargnées par la contestation, lancée le 15 mars dans la foulée des révoltes arabes.
"Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi Deraa", scandaient-ils, selon une vidéo diffusée sur Youtube. "Levez le siège! Levez le siège!", criaient-ils rythmant leurs slogans par des frappements de mains.
"Depuis trois jours, l'armée envoie des renforts à l'entrée nord de la ville" d'Ar-Rastan, place forte de la contestation, sur la route entre les villes de Homs et Hama, qui surplombe le barrage de l'Oronte, a affirmé un militant de la ville.
"Les manifestants réclament une enquête sur la mort de 18 personnes tuées lors de la manifestation pacifique de vendredi", a-t-il ajouté. Les habitants avaient, il y a quelques semaines, déboulonné une statue de l'ancien président Hafez al-Assad auquel a succédé Bachar en 2000.
La France veut voir le président Assad sanctionné par l'Union européenne et estime qu'il sera évincé si la répression perdure contre les manifestations, a réaffirmé mercredi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.
"Nous sommes en train dans l'Union européenne, avec nos partenaires, de mettre au point des sanctions ciblées sur un certain nombre de personnalités et nous souhaitons, nous Français, que Bachar al-Assad soit sur cette liste", a déclaré le ministre français à la chaîne de télévision France 24.
En outre, le ministère français des Affaires étrangères a recommandé mercredi aux Français dont la présence en Syrie n'est pas indispensable de quitter le pays "dans l'attente d'une normalisation de la situation".