Syrie: Damas accusé de recourir aux armes chimiques, Brahimi jette l'éponge
AFP
Nations unies (Etats-Unis) - Le médiateur de l'ONU en Syrie Lakhdar Brahimi a démissionné mardi après moins de deux ans d'efforts infructueux pour mettre un terme à un conflit dans lequel le régime en place est de nouveau accusé de recourir aux armes chimiques.
La démission de ce diplomate chevronné était attendue depuis qu'il avait affirmé que l'élection présidentielle du 3 juin en Syrie, et la réélection attendue de Bachar al-Assad, sonneraient le glas de ses efforts.
"C'est avec un profond regret que (...) j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi de quitter ses fonctions le 31 mai 2014", a annoncé mardi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, rendant hommage à "la patience et la persévérance" de ce diplomate algérien.
En visite à Washington, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a de son côté accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir utilisé à plusieurs reprises au cours des derniers mois des armes chimiques, notamment du chlore. "Nous avons des témoins crédibles pour l'usage (d'agents chimiques), avec au moins 14 recours (...) depuis le 25 octobre 2013", a déclaré M. Fabius, précisant que des échantillons prélevés sur le terrain étaient en cours d'analyse.
Rappelant les efforts de M. Brahimi pour organiser en janvier et février à Genève les premiers pourparlers directs entre pouvoir et opposition, aujourd'hui dans l'impasse, M. Ban a "déploré que les parties, et en particulier le gouvernement, se soient montrés si réticents à saisir cette chance".
Mais il a aussi fustigé la désunion du Conseil de sécurité, où la Russie a bloqué toute initiative occidentale afin de protéger Damas, et "les pays qui ont une influence sur la situation en Syrie". "C'est notre échec à tous", a-t-il conclu.
M. Brahimi s'est pour sa part dit "très triste de quitter son poste, et la Syrie, dans une si mauvaise situation".
- "Frustration" -
Le départ du diplomate algérien laisse l'ONU sans médiateur. Et apparemment sans stratégie de rechange. Pressé de questions, M. Ban a reconnu qu'il lui faudrait "du temps pour trouver la personne qui convient". "Il nous faudra aussi réfléchir très sérieusement à une ligne de conduite", a-t-il ajouté.
M. Brahimi a tenu ensuite des consultations à huis clos avec les 15 pays membres du Conseil de sécurité sur les moyens de relancer les efforts de paix en Syrie. A sa sortie, il a appelé à "ne pas baisser les bras", jugeant la situation en Syrie "très difficile mais pas désespérée".
Il a souligné que "le communiqué de Genève restait au centre" des efforts de paix. Ce texte prévoit une transition politique mais les deux camps n'ont pas réussi à s'accorder sur les moyens de l'appliquer.
A Washington, Barack Obama s'est joint à une réunion entre le chef de l'opposition syrienne Ahmad Jarba et la conseillère de sécurité nationale américaine Susan Rice.
M. Obama et Mme Rice "ont répété que Bachar al-Assad a perdu toute légitimité pour diriger la Syrie et n'a pas sa place dans l'avenir" du pays, selon la présidence américaine qui n'a pas fait mention des armes réclamées par la rébellion à Washington pour combattre le régime.
La Coalition nationale syrienne a qualifié ces discussions de "productives et encourageantes", évoquant cependant le besoin d'accroître l'aide militaire à l'opposition.
"La délégation de l'opposition a évoqué le besoin de donner à la population le pouvoir de se défendre contre les crimes de guerre commis quotidiennement par le régime", a estimé la Coalition dans un communiqué.
Dans la capitale américaine, la démission de M. Brahimi a été accueillie avec flegme. "Nous lui sommes très reconnaissants (...), nous attendons la nomination de son successeur et nous travaillerons avec lui", a déclaré un responsable américain sous couvert d'anonymat.
Le représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, Najib Ghadbian, a souligné qu'il "partageait la frustration" de M. Brahimi, déplorant le manque de "pression internationale concertée".
Des diplomates à l'ONU évoquent pour succéder à M. Brahimi les noms de Kamel Morjane, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères et de Kevin Rudd, ancien Premier ministre australien.
Si M. Ban a cité le désarmement chimique comme un des rares progrès dans la crise syrienne --la Syrie, qui doit détruire tout son arsenal d'ici au 30 juin, en a déjà éliminé 92%-- l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a affirmé mardi qu'il existait des preuves solides d'attaques au chlore, menées par le régime syrien dans trois villes à la mi-avril.
"C'est avec un profond regret que (...) j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi de quitter ses fonctions le 31 mai 2014", a annoncé mardi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, rendant hommage à "la patience et la persévérance" de ce diplomate algérien.
En visite à Washington, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a de son côté accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir utilisé à plusieurs reprises au cours des derniers mois des armes chimiques, notamment du chlore. "Nous avons des témoins crédibles pour l'usage (d'agents chimiques), avec au moins 14 recours (...) depuis le 25 octobre 2013", a déclaré M. Fabius, précisant que des échantillons prélevés sur le terrain étaient en cours d'analyse.
Rappelant les efforts de M. Brahimi pour organiser en janvier et février à Genève les premiers pourparlers directs entre pouvoir et opposition, aujourd'hui dans l'impasse, M. Ban a "déploré que les parties, et en particulier le gouvernement, se soient montrés si réticents à saisir cette chance".
Mais il a aussi fustigé la désunion du Conseil de sécurité, où la Russie a bloqué toute initiative occidentale afin de protéger Damas, et "les pays qui ont une influence sur la situation en Syrie". "C'est notre échec à tous", a-t-il conclu.
M. Brahimi s'est pour sa part dit "très triste de quitter son poste, et la Syrie, dans une si mauvaise situation".
- "Frustration" -
Le départ du diplomate algérien laisse l'ONU sans médiateur. Et apparemment sans stratégie de rechange. Pressé de questions, M. Ban a reconnu qu'il lui faudrait "du temps pour trouver la personne qui convient". "Il nous faudra aussi réfléchir très sérieusement à une ligne de conduite", a-t-il ajouté.
M. Brahimi a tenu ensuite des consultations à huis clos avec les 15 pays membres du Conseil de sécurité sur les moyens de relancer les efforts de paix en Syrie. A sa sortie, il a appelé à "ne pas baisser les bras", jugeant la situation en Syrie "très difficile mais pas désespérée".
Il a souligné que "le communiqué de Genève restait au centre" des efforts de paix. Ce texte prévoit une transition politique mais les deux camps n'ont pas réussi à s'accorder sur les moyens de l'appliquer.
A Washington, Barack Obama s'est joint à une réunion entre le chef de l'opposition syrienne Ahmad Jarba et la conseillère de sécurité nationale américaine Susan Rice.
M. Obama et Mme Rice "ont répété que Bachar al-Assad a perdu toute légitimité pour diriger la Syrie et n'a pas sa place dans l'avenir" du pays, selon la présidence américaine qui n'a pas fait mention des armes réclamées par la rébellion à Washington pour combattre le régime.
La Coalition nationale syrienne a qualifié ces discussions de "productives et encourageantes", évoquant cependant le besoin d'accroître l'aide militaire à l'opposition.
"La délégation de l'opposition a évoqué le besoin de donner à la population le pouvoir de se défendre contre les crimes de guerre commis quotidiennement par le régime", a estimé la Coalition dans un communiqué.
Dans la capitale américaine, la démission de M. Brahimi a été accueillie avec flegme. "Nous lui sommes très reconnaissants (...), nous attendons la nomination de son successeur et nous travaillerons avec lui", a déclaré un responsable américain sous couvert d'anonymat.
Le représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, Najib Ghadbian, a souligné qu'il "partageait la frustration" de M. Brahimi, déplorant le manque de "pression internationale concertée".
Des diplomates à l'ONU évoquent pour succéder à M. Brahimi les noms de Kamel Morjane, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères et de Kevin Rudd, ancien Premier ministre australien.
Si M. Ban a cité le désarmement chimique comme un des rares progrès dans la crise syrienne --la Syrie, qui doit détruire tout son arsenal d'ici au 30 juin, en a déjà éliminé 92%-- l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a affirmé mardi qu'il existait des preuves solides d'attaques au chlore, menées par le régime syrien dans trois villes à la mi-avril.