Syrie: Damas dans les délais du démantèlement de ses armes chimiques
AFP
Damas - La Syrie reste dans les temps pour détruire ses moyens de production d'armes chimiques, même si la poursuite du conflit a empêché les inspecteurs d'accéder à deux sites signalés par Damas.
Les inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont "confirmé la destruction des capacités de production, de mélange et de remplissage (des produits) dans tous les sites" où ils se sont rendus, a souligné M. Ban dans un rapport transmis au Conseil de sécurité de l'ONU.
"La destruction fonctionnelle des capacités de production déclarées par la Syrie devrait être effectuée, comme attendu, au 1er novembre", a-t-il poursuivi en soulignant la "coopération totale" du gouvernement syrien dans cette entreprise qui doit voir l'élimination à la mi-2014 de tout l'arsenal chimique syrien.
L'OIAC a cependant annoncé un peu plus tôt que ses équipes n'avaient pas pu, "pour des raisons de sécurité", accéder dans les délais à deux des 23 sites déclarés par les autorités syriennes.
Il s'agit du premier accroc dans cette procédure inédite résultant d'un accord international pour éviter des frappes américaines après une attaque chimique meurtrière fin août près de Damas.
Au-delà de la question des armes chimiques, l'activité diplomatique restait intense pour trouver une solution politique au conflit, et M. Brahimi est arrivé pour cela lundi à la mi-journée à Damas, après une tournée régionale qui l'a conduit dans tous les pays de la région, y compris l'Iran, mais à l'exception notable de l'Arabie saoudite.
"Après une crise comme celle-ci, on ne peut pas revenir en arrière", a prévenu M. Brahimi dans une interview publiée lundi après-midi sur le site du journal Jeune Afrique. "Le président Assad peut donc contribuer utilement à la transition vers une +nouvelle République de Syrie+", mais pas la diriger.
Cependant, depuis l'accord sur la destruction de l'arsenal chimique, M. Assad est passé de "paria" à "partenaire", a relevé le diplomate algérien.
Sa mission s'annonce particulièrement difficile depuis que 19 importantes factions rebelles ont menacé de traduire les opposants qui oseraient se rendre Genève devant leurs tribunaux pour "trahison", laissant clairement entendre qu'ils seraient exécutés.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a jugé lundi ces menaces "révoltantes".
Rôle de l'Arabie saoudite
Pour Thierry Pierret, expert de l'islam en Syrie, les signataires du communiqué "représentent un pan très large de l'opposition armée", allant des salafistes radicaux à des groupes plus modérés piliers de l'Armée syrienne libre (ASL).
"Une bonne partie de l'opposition politique ne prendra pas le risque de participer à une réunion qui lui coûterait ce qui lui reste de légitimité auprès des groupes armés", a-t-il estimé.
Ce rejet intervient alors que les relations entre Ryad et Washington se sont dégradées depuis que les Etats-Unis ont renoncé à frapper la Syrie et ont entamé un rapprochement avec l'Iran, le pire ennemi de l'Arabie saoudite.
"Parmi les signataires figurent plusieurs groupes nettement pro-saoudiens", note Thierry Pierret. "Les Saoudiens rejettent désormais totalement l'approche américaine du conflit syrien et le font savoir".
Au Liban, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui combat au côté du régime syrien, a accusé lundi l'Arabie Saoudite de bloquer toute solution politique en Syrie. Le royaume saoudien est "furieux car la situation en Syrie n'a pas tourné en sa faveur", a-t-il assuré.
"Des milliers de combattants du monde entier ont été acheminés, il leur a été donné des armes et des financements (...). Tout a été mis en œuvre par ceux qui voulaient faire tomber le régime (...) mais cela n'a pas marché", a martelé le dirigeant chiite.
La Ligue arabe a annoncé lundi une "réunion extraordinaire" sur la Syrie de ses ministres des Affaires étrangères le 3 novembre au Caire.
Sur le terrain, l'armée a repris le contrôle du village chrétien de Sadad, dans la province de Homs (centre), après plusieurs jours d'âpres combats contre des rebelles et des jihadistes, ont rapporté l'agence officielle Sana et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Dans l'est, un député sunnite, également chef tribal, a été enlevé dimanche par des combattants islamistes à la suite d'un accrochage avec des membres de sa tribu pro-régime dans la région de Deir Ezzor, a annoncé l'OSDH.