Syrie: Kerry à Londres, l'heure de vérité approche pour Obama
AFP
Londres - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry achevait lundi à Londres son offensive diplomatique en Europe sur la Syrie alors que le monde attend désormais le vote du Congrès américain sur le recours à la force demandé par Barack Obama.
William Hague et John Kerry
William Hague, dont le gouvernement a dû renoncer à s'associer à une intervention en Syrie après un veto du parlement, a quant à lui assuré les Etats-Unis du "soutien diplomatique total" du Royaume-Uni.
A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a simultanément mis en garde sur le fait que des frappes en Syrie provoqueraient une "explosion de terrorisme en Syrie et dans les pays voisins". Il a jugé qu'une "solution politique était encore possible", affirmant que Damas était toujours "prêt à des négociations de paix".
"Nous sommes en effet prêts à participer à une rencontre à Genève sans conditions préalables", a ainsi affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, faisant allusion à l'organisation d'une nouvelle conférence internationale de paix dont l'idée avait été proposée en mai par Moscou et Washington mais qui est restée lettre morte en raison des tensions russo-américaines.
Mais il a averti que la position du régime syrien changerait en cas de frappes.
Le monde a ainsi les yeux rivés sur le Congrès américain, où l'issue du vote sur le recours à la force demandé par le président Obama apparait de plus en plus incertain.
Conscient de jouer à la fois la crédibilité des Etats-Unis et de sa propre présidence, Barack Obama devait lancer une offensive tous azimuts pour convaincre les élus républicains et démocrates, de retour lundi à Washington à partir de 18H00 GMT.
Il devait enregistrer pas moins de six interviews avec des chaînes de télévisions devant être diffusées lundi soir, avant de s'adresser aux Américains mardi soir depuis le bureau Ovale.
L'intégralité d'une interview accordée par le président syrien, dans laquelle il a "nié avoir quelque chose à voir dans cette attaque" chimique du 21 août, devait être diffusée au même moment lundi soir.
Dans les extraits déjà transmis, le président Assad a également dit: "+il n'y a pas de preuve que j'ai utilisé des armes chimiques contre mon peuple+", a rapporté dimanche le journaliste de CBS Charlie Rose, qui l'a interviewé à Damas.
Interrogé sur ces propos rapportés d'Assad, le secrétaire d'Etat John Kerry a répondu que "les preuves parlaient d'elles-mêmes".
Pour tenter de convaincre les élus américains, les plus hauts responsables de l'administration Obama devaient à nouveau lundi se rendre au Capitole pour des réunions d'informations à l'aide de vidéos montrant des victimes de l'attaque et diffusées en boucle sur les chaînes américaines.
Au Sénat, le débat sur la résolution autorisant l'usage de la force, déjà adoptée en commission, ne commencera formellement que mardi. Un premier vote important pourrait intervenir dès mercredi.
A l'heure actuelle, la résolution prévoit une durée limite de 60 jours, prolongeable à 90 jours, et l'interdiction de troupes au sol dans le but d'opérations de combat.
A Paris, le président français François Hollande a promis de s'adresser à son opinion, mais après le vote du Congrès et la remise du "rapport des inspecteurs" de l'ONU qui ont enquêté sur l'attaque du 21 août.
Pour la plupart des Etats de l'UE, ce rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz toxiques. Pourtant il ne devrait pas, comme l'a indiqué Ban Ki-moon, dire qui en est l'auteur.
Selon la presse américaine, le Pentagone se prépare en tout cas à des frappes plus longues et plus intenses que prévu, pendant trois jours, avec un barrage massif de tirs de missiles de croisière.
Un responsable du département de la Défense interrogé par l'AFP a toutefois assuré que l'ampleur et l'objectif des frappes n'avaient pas changé ces dernières semaines.
Principal soutien régional de Damas, l'Iran a réaffirmé dimanche son hostilité à toute intervention étrangère en Syrie, tout comme la diplomatie irakienne.
Israël a de son côté déployé ce weeke-end son bouclier antimissile près de Jérusalem.