Syrie: Paris et Washington en première ligne pour une éventuelle frappe

AFP

Paris - La France est montée vendredi en première ligne aux côtés des Etats-Unis pour mener une éventuelle offensive en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad, accusé d'avoir utilisé des armes chimiques, face au refus d'autres puissances mondiales, notamment la Grande-Bretagne, d’y participer.

Syrie: Paris et Washington en première ligne pour une éventuelle frappe
Fermement opposé à toute intervention militaire dans le conflit en Syrie dont il est le fidèle allié, le Kremlin a lancé une nouvelle mise en garde, estimant qu'une telle éventualité porterait un "coup sérieux" à l'ordre mondial basé sur le rôle central des Nations unies.

Après le coup de théâtre jeudi à Londres, où le Parlement a rejeté une intervention militaire après un vote serré - 285 contre 272 voix-, la Maison Blanche a laissé entendre que le président Barack Obama se réservait le droit d'agir unilatéralement contre le régime syrien pour le punir d'avoir selon lui utilisé des armes chimiques, sans attendre l'ONU ou ses alliés occidentaux.

"Les Etats-Unis continueront à consulter le gouvernement britannique" mais "les décisions du président Obama seront guidées par ce qui est dans l'intérêt des Etats-Unis", a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.

M. Obama, qui ne veut pas répéter le scénario irakien de George Bush, "pense que des intérêts cruciaux des Etats-Unis sont en jeu, et que les pays qui violent les règles internationales sur les armes chimiques doivent rendre des comptes", a-t-elle poursuivi.

Réel maître de la donne militaire, l'administration américaine assure qu'elle ne cherche pas à renverser le régime de M. Assad qui s'est dit prêt à se défendre face à toute attaque étrangère après avoir démenti le recours de son armée aux armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles qui veulent sa chute.

Mais pour M. Obama, il faut que le pouvoir syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu'il ferait mieux de ne pas recommencer" à recourir à ses armes chimiques, comme dans l'attaque qui a coûté la vie à des centaines de civils le 21 août près de Damas selon l'opposition.

A Paris, on estime que le refus de Londres d'intervenir en Syrie ne change pas la position de la France qui souhaite une action "proportionnée et ferme" contre le régime de Damas, selon le président François Hollande.

Dans un entretien au journal Le Monde, M. Hollande n'a pas exclu des frappes aériennes avant mercredi, date de la session extraordinaire du Parlement français sur la Syrie.

"De telles actions, outrepassant le Conseil de sécurité de l'ONU, si elles ont lieu bien sûr, porteraient gravement atteinte au système basé sur le rôle central de l'ONU et un sérieux coup (...) à l'ordre mondial", a rétorqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, dont le pays a décidé d'envoyer deux nouveaux bateaux de guerre en Méditerranée.

Dernière ligne droite pour les experts de l'ONU

Les Etats-Unis n'ont cessé quant à eux de renforcer leurs capacités déployées face aux côtes syriennes. Ils disposent désormais de cinq destroyers équipés de missiles de croisière capables de mener des attaques ciblées contre des dépôts de munitions ou des infrastructures stratégiques du régime Assad.

Les regards se tournent parallèlement vers les experts de l'ONU qui sont sortis vendredi pour leur dernière journée d'enquête sur l'attaque chimique présumée. Selon un membre des services de sécurité, ils devaient se rendre à l'hôpital militaire de Mazzé, où sont soignées des victimes de cette attaque présumée.

Ces experts, dont la mission n'a été autorisée que tardivement par le pouvoir syrien, doivent quitter samedi la Syrie et rendre compte aussitôt oralement de leurs premières observations au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

La veille, ils avaient passé près de 4 heures sur l'un des sites visés par l'attaque dans la banlieue est de Damas, où ils ont recueilli une "quantité" d'éléments, selon un porte-parole de l'ONU à New York. Les échantillons qu'ils ont recueillis seront transmis à des laboratoires en Europe, mais ces analyses pourraient prendre des semaines, a-t-il ajouté.

Dans l'une des localités de la banlieue sud-ouest de Damas, visée par l'attaque chimique supposée et visitée il y a quatre jours par les experts de l'ONU, des combats faisaient rage dans la journée entre rebelles et troupes du régime qui cherchent à la reprendre, de même que sur d'autres fronts du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En dépit des menaces d'intervention militaire, les agences humanitaires de l'ONU ont indiqué que leur personnel continuait de travailler en Syrie, ravagée par une guerre dévastatrice depuis près de deux ans et demi qui a fait plus de 100.000 morts et poussé à la fuite des millions de Syriens.

Batteries anti-missiles près de Tel-Aviv

Plusieurs pays continuaient en outre de se préparer à d'éventuelles répercussions en cas de frappes, même si un responsable du Congrès ayant participé à une conférence téléphonique avec la Maison Blanche sur la Syrie, a répété jeudi soir que M. Obama n'avait pas encore pris de décision.

Israël a annoncé le déploiement de batteries anti-missiles dans le nord mais aussi, selon la radio militaire , dans l'agglomération de Tel-Aviv.

Londres a appelé les Britanniques à éviter tout voyage au Liban en raison d'un "risque accru de sentiment anti-occidental".

En revanche, alors que les menaces d'intervention imminente avaient propulsé les prix du pétrole à des plus hauts depuis deux ans, la tension s'est relâchée sur ces marchés et les cours du brut a continué de décliner en Asie.


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