Syrie: Paris "prêt" à intervenir militairement pour "punir" Assad

AFP

Paris - La France s'est déclarée mardi "prête" à agir militairement en Syrie aux côtés des alliés pour "punir" le président Bachar al-Assad, accusé d'avoir "gazé des innocents" avec des armes chimiques, une décision devant être prise "dans les prochains jours".

Syrie: Paris

François Hollande s'entretiendra également jeudi à Paris avec le président de la Coalition nationale syrienne (opposition), Ahmad al-Assi al-Jarba, a annoncé la présidence française dans un communiqué.

"Il sera reçu pour faire le point sur la situation en Syrie alors que la communauté internationale se mobilise pour examiner les ripostes à l'attaque à l'arme chimique perpétrée par le régime de Bachar al-Assad", a-t-on précisé dans l'entourage du président français.

"La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" en Syrie, a déclaré solennellement François Hollande dans un discours de politique étrangère devant les ambassadeurs français réunis pour leur conférence annuelle sous les ors de l'Elysée.

"Tout porte à croire que c'est le régime (de Damas) qui a commis cet acte abject", a souligné le chef de l'Etat, en retrait sur les déclarations de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui avait affirmé dès dimanche que la "responsabilité" du régime ne faisait "aucun doute".

"Aujourd'hui, notre responsabilité est de rechercher la riposte la plus appropriée aux exactions du régime", a cependant ajouté le président estimant que "le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse".

L'une des options, explique-t-on dans son entourage, serait un déploiement du porte-avions Charles de Gaulle au large des côtes syriennes, véritable "démonstration" de force. Mais l'utilisation du porte-avions, encore à quai à Toulon, n'est pas jugé "indispensable". Elle exigerait trois jours de mer, relève-t-on.

La question sera sans nul doute débattue sinon tranchée au cours d'un conseil de défense mercredi à l'Elysée autour du chef de l'Etat et des armées. Mais il y a urgence, désormais. François Hollande l'a clairement laissé entendre : une décision des alliés sur une intervention militaire en Syrie est très proche. La question sera posée "dans les prochains jours", a-t-il dit. Quant au Parlement, a-t-il ajouté, "il sera informé de la situation dans les meilleurs délais".

Pour le président, qui a multiplié les consultations avec ses homologues ces derniers jours, à commencer par le président américain Barack Obama, la "guerre civile" en Syrie "menace aujourd'hui la paix du monde". Le "conflit se propage désormais à l'ensemble de la région, au Liban par des attentats, en Jordanie et en Turquie par l'afflux des réfugiés, en Irak par le déchaînement de violences meurtrières", a-t-il relevé.

"J'ai décidé d'accroître notre soutien militaire à la coalition nationale syrienne" (opposition), a par ailleurs annoncé le président sans autre précision. Selon des experts, de l'armement léger (fusils, munitions, mortiers, blindés...) pourrait être fourni aux rebelles.

Le chef de l'Etat a invoqué "la responsabilité de protéger les civils", définie en 2005 par l'Assemblée générale des Nations unies, alors qu'une attaque chimique présumée le 21 août dans la banlieue de Damas a fait des centaines de morts.

Un pis-aller à défaut d'un mandat en bonne et due forme du Conseil de sécurité, inenvisageable compte-tenu du veto de la Russie, indéfectible alliée de Damas : ce faisant, le président français ferait une entorse à sa propre doctrine qui voulait jusqu'à présent que la France ne prenne part à aucune intervention militaire sans le blanc-seing onusien.

Une coalition la plus large possible

Une coalition la plus large possible

Un précédent est dans tous les esprits : en 1999 déjà, les Occidentaux avaient conduit des frappes aériennes contre les forces serbes au Kosovo, sans disposer d'un mandat de l'ONU, la Russie s'y opposant.

En Syrie, tout laisse à penser qu'il s'agirait de frappes ciblées contre des objectifs stratégiques, visant à "punir" le régime et le "dissuader" de recourir une nouvelle fois à des armes chimiques. L'hypothèse d'un déploiement de troupes au sol a en revanche été exclue.

La France souhaite également une coalition la plus large possible avec, outre les États-Unis et les Britanniques, la participation de pays arabes et/ou de la Turquie.

Pour le reste, François Hollande s'est exprimé sur les crises qui secouent le continent africain et tout particulièrement la République centrafricaine, l'Égypte ou encore les "printemps arabes".

Il a ainsi appelé l'ONU et l'Union africaine "à se saisir de la situation" en Centrafrique, pays "au bord de la somalisation" où 60.000 enfants risquent de mourir de malnutrition et qui compte un million et demi de déplacés.

"Il est plus que temps d'agir" pour ce pays qui traverse une grave crise politique et humanitaire, a souligné le président.

Sur l'Iran et son programme nucléaire controversé, le président Hollande estime désormais que "le temps presse". Téhéran, a-t-il insisté, doit faire des "gestes concrets, rapides, vérifiables" dans la négociation sur ce dossier.

Israël et les Occidentaux accusent depuis plusieurs années Téhéran, qui dément, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.



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