Syrie: l'armée mise sur son aviation, Washington craint les islamistes

AFP

Damas - L'armée syrienne, qui a fait de son aviation son principal atout contre les rebelles, a mené jeudi des raids aériens notamment sur Damas et sa banlieue, tandis que les Etats-Unis réclament une opposition syrienne élargie capable de "résister aux extrémistes" islamistes.

Syrie: l'armée mise sur son aviation, Washington craint les islamistes
Le Conseil national syrien (CNS) -la principale coalition de l'opposition syrienne, largement dominée par les Frères musulmans- reconnu par la communauté internationale comme l'un des principaux représentants du peuple syrien "ne peut plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition", a estimé la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton.

Il peut être "une partie d'une opposition élargie, mais l'opposition doit inclure des gens à l'intérieur de la Syrie et d'autres" pour être "capable de parler à chaque segment et à chaque composante géographique de Syrie", a-t-elle poursuivi.

"Il y a des informations inquiétantes sur des extrémistes qui se rendent en Syrie et tentent de détourner à leurs fins ce qui était jusqu'ici une révolution légitime contre un régime oppressif", a ajouté Mme Clinton.

Le Front al-Nosra, un groupe islamiste inconnu avant la révolte en Syrie, a ainsi revendiqué de nombreux attentats à travers le pays et ses combattants sont présents, souvent en première ligne, sur la plupart des fronts syriens.

Face à ces mouvements islamistes qui "essaient de détourner la révolution" contre le président Bachar al-Assad, selon Mme Clinton, les Etats-Unis et leurs partenaires européens et arabes veulent "aider l'opposition à s'unir derrière une stratégie partagée et efficace qui puisse résister à la violence du régime (syrien) et commencer à préparer une transition politique".

Alors que la communauté internationale exhorte depuis des mois l'opposition à s'unifier, plus de 150 opposants, dont de nombreux membres du CNS et des chefs de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) ont préconisé lors d'une réunion en Turquie la formation rapide d'un gouvernement en exil.

"La conférence s'est accordée sur la nécessité de mettre de côté nos différences idéologiques et de créer un gouvernement en exil", ont indiqué dans un communiqué les participants.

"Il prendra la forme d'un gouvernement de transition, afin d'obtenir un meilleur soutien politique de la part des pays arabes et de la communauté internationale à notre révolution", ont-ils ajouté.

Raids aériens

Les hélicoptères de l'armée ont bombardé le quartier de Hajar al-Aswad, dans le sud de la capitale, faisant des blessés, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), tandis que les chasseurs-bombardiers menaient des raids sur la ville proche de Harasta.

A Alep, la métropole commerçante du nord syrien, des combats ont opposé dans la nuit troupes régulières et combattants rebelles sur plusieurs fronts, rapporte l'ONG. Et l'armée a bombardé plusieurs localités de la région, tuant une fillette à al-Safira.

Dans la même région, un journaliste libanais, enlevé la semaine dernière par un groupe rebelle, a été libéré dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la chaîne LBCI pour laquelle il travaille.

Plus à l'ouest, dans la province d'Idleb, "des chasseurs-bombardiers ont frappé à trois reprises les villages de Tell Manass et de Maar Chamarine", a affirmé l'ONG. Un civil a également péri dans cette région, selon l'OSDH.

Non loin de là, au sol, des combats sporadiques opposaient troupes régulières et combattants rebelles, notamment issus du Front islamiste al-Nosra, autour de la base militaire stratégique de Wadi Deif, selon l'ONG.

A la frontière libano-syrienne des heurts ont fait un mort, un ressortissant syrien, et dix blessés parmi les forces de sécurité libanaises, lorsqu'un véhicule syrien a refusé de s'arrêter à un barrage, selon une source sécuritaire libanaise.

Le Liban a déposé deux plaintes officielles contre la Syrie pour violations territoriales, tandis que le régime du président syrien Bachar al-Assad accuse le Liban de permettre à des combattants et à des armes d'entrer illégalement en Syrie.

Mercredi, 152 personnes ont péri à travers le pays, dont 58 civils, 48 rebelles et 46 soldats, selon un bilan de l'OSDH, basée en Grande-Bretagne, s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires à travers le pays. Il affirme que ses bilans recensent les victimes civiles, militaires et rebelles.

Au total, plus de 36.000 personnes ont péri dans le conflit déclenché mi-mars 2011 par la répression brutale par le régime d'un mouvement de contestation populaire le 15 mars 2011, selon l'OSDH.


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