Syrie: l'armée veut freiner les rebelles près d'Alep, Brahimi en Turquie
AFP
Damas - L'aviation syrienne bombardait samedi les environs du bastion rebelle de Maaret al-Noomane afin d'entraver la progression des insurgés dans cette zone au sud d'Alep, pendant que le médiateur pour la Syrie se rendait en Turquie à la recherche d'une issue au conflit.
Signe que ces tensions ne faiblissent pas, un avion de chasse turc a éloigné vendredi un hélicoptère de l'armée syrienne qui s'était approché de la frontière, selon un responsable turc.
Les rapports entre la Turquie et la Syrie sont exécrables depuis que cinq civils turcs ont été tués le 3 octobre par un obus syrien à la frontière. Ils se sont encore envenimés après l'interception mercredi en Turquie d'un avion de ligne syrien assurant la liaison Moscou-Damas.
Ankara affirme qu'il transportait des armes de fabrication russe à destination des forces syriennes, ce qu'ont vivement démenti la Syrie et son allié russe, qui a évoqué de simples pièces de radars.
Le département d'Etat américain a reconnu que la Russie n'avait violé aucun embargo, tout en estimant que la politique russe à l'égard de la Syrie était "dépourvue de moralité".
Après une série d'incidents militaires à la frontière syro-turque, la Syrie a indiqué samedi souhaiter la création d'un comité de sécurité conjoint avec la Turquie.
Selon le ministère syrien des Affaires étrangères, des responsables syriens ont discuté avec l'ambassadeur de Russie à Damas d'"un comité sécuritaire syro-turc qui aurait pour mission de trouver un mécanisme de surveillance de la frontière, dans le respect de la souveraineté nationale" des deux pays.
Raids près de Maaret al-Noomane
Sur le terrain, des avions militaires syriens bombardaient samedi matin des rebelles pour défendre une base stratégique dans la province d'Idleb (nord-ouest), rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), faisant état de 20 blessés parmi les insurgés.
"Les rebelles tentaient une nouvelle fois de prendre d'assaut la base de Wadi Deif, près du village de Maarchamsa, quand ils ont été bombardés par un MiG du régime", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et médecins sur place.
Vendredi matin, les rebelles avaient intercepté un message radio du commandant de la base de Wadi Deif: "Si les avions ne nettoient pas les abords de la base, je me rendrai à la fin de la journée", selon l'OSDH.
Les rebelles ont pris cette semaine le contrôle de Maaret al-Noomane et coupé ainsi l'axe reliant Damas à Alep, freinant l'acheminement de renforts de l'armée vers la métropole du Nord, théâtre depuis mi-juillet d'une bataille cruciale entre rebelles et troupes du régime.
Selon les experts, l'armée syrienne est affaiblie par la multiplication des fronts à travers le pays et des attaques contre les routes d'approvisionnement, et sa supériorité militaire, en particulier aérienne, lui permet de ralentir la progression de la rébellion mais pas de l'écraser.
Ces deux derniers jours, l'armée syrienne a subi des pertes considérables, avec en particulier la mort d'une centaine de soldats jeudi, le bilan le plus lourd pour l'armée en une journée depuis le début de la révolte en mars 2011.
Angoisse à l'approche de l'hiver
A Alep, plus de 30.000 déplacés, dont beaucoup de familles, survivent dans des conditions indignes dans les dortoirs de la cité universitaire, dans l'ouest de la ville, un secteur relativement épargné par les combats, selon un responsable de la cité à l'AFP.
Mais ces déplacés s'inquiètent à l'approche de l'hiver: les chambres d'étudiants n'ont pas été conçues pour accueillir autant de monde, et beaucoup de vitres sont brisées.
Houssam, 28 ans, vit ainsi depuis plus de deux mois dans une petite chambre avec sa femme, sa mère et ses trois enfants, après avoir fui les violences dans son quartier de Seif al-Dawla (sud-ouest), où il tenait une supérette.
"Comment va-t-on faire avec l'approche de l'hiver? Les enfants n'iront pas à l'école et notre situation est très pénible ici", a-t-il lancé.
Selon l'ONU, les violences ont forcé plus de 340.000 réfugiés syriens à fuire le pays, et plus d'un million de déplacés à quitter leur foyer. Le conflit a fait 32.000 morts en près de 19 mois, selon un décompte de l'OSDH.