Syrie: l'émissaire Brahimi dit son inquiétude à Assad, appelle à une solution
AFP
Damas - L'émissaire international Lakhdar Brahimi a appelé de ses voeux un accord en Syrie, tandis que le président Bachar al-Assad lui assurait soutenir tous les efforts visant à protéger la "souveraineté" et l'"indépendance" du pays, lors d'une rencontre lundi à Damas.
Ces discussions interviennent au lendemain de la mort de 60 personnes devant une boulangerie d'une localité rebelle du centre du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), insurgés et autorités se renvoyant la responsabilité.
Après 21 mois de violences qui ont fait plus de 44.000 morts, selon l'OSDH, l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe a fait part de son inquiétude au chef de l'Etat contesté depuis mars 2011, disant espérer que "toutes les parties se prononcent pour une solution à laquelle aspire l'ensemble du peuple syrien".
"M. Assad a exprimé son point de vue sur la situation et je lui ai fait le compte rendu de mes rencontres avec des dirigeants dans la région et en dehors", a ajouté le diplomate algérien nommé en septembre.
Il a récemment discuté avec les dirigeants américains et russes, dont les positions sont diamétralement opposées sur le conflit, les premiers appelant au départ de M. Assad et les seconds soutenant le régime de Damas.
Lors de sa dernière visite, qui remonte à mi-octobre, le médiateur avait rencontré M. Assad ainsi que plusieurs haut responsables avec lesquels il avait notamment négocié la mise en place d'une trêve pour la fête musulmane d'al-Adha fin octobre, qui avait volé en éclats au bout de quelques heures.
"Suicide politique"
Alors que la communauté internationale a récemment mis en garde contre toute utilisation d'armes chimiques par le régime syrien, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé à la chaîne Russia Today que ce recours serait un "suicide politique".
Selon des experts, la Syrie dispose de stocks d'armes chimiques qui datent des années 1970 et sont les plus importants du Moyen-Orient, avec des centaines de tonnes. Damas affirme cependant régulièrement que "dans le cas où" il en possèderait, il ne les utiliserait jamais.
Dimanche, le jour de l'arrivée de M. Brahimi, 198 personnes ont péri en Syrie, dont 120 civils, selon l'OSDH qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins civils et militaires à travers le pays.
Parmi eux, 60 ont péri devant une boulangerie de Halfaya, dans la province de Hama, les militants et l'opposition dénonçant un "massacre" de l'aviation, tandis que l'agence officielle Sana affirmait que les troupes étaient intervenues après une attaque de "terroristes", terme par lequel le régime désigne les rebelles.
Les "terroristes" ont ensuite "tourné des images pour accuser l'armée syrienne au moment où l'émissaire international Lakhdar Brahimi arrivait en Syrie", poursuit l'agence qui ne fait pas état de l'intervention de l'armée de l'air.
Dimanche, des vidéos mises en ligne par des militants montraient de nombreux corps au milieu des gravats au pied d'un bâtiment détruit, devant lequel un cratère creusait la route.
Sur la soixantaine de morts, dont 14 corps ont été réduits en lambeaux, l'OSDH affirme avoir recensé les noms de 22 hommes tués.
Le Conseil national syrien (CNS), l'une des principales composantes de l'opposition, a de son côté "fait porter à la communauté internationale la responsabilité de ce massacre", y voyant la preuve que le régime "a perdu le contrôle du pays".