Syrie: le recours au gaz sarin confirmé, les rebelles avancent
AFP
Damas - L'analyse d'échantillons ramenés de Syrie par des journalistes français a révélé 13 cas de contamination au gaz sarin, relançant le débat sur l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit où les rebelles ont marqué vendredi des points en prenant une position importante dans le sud.
"Sept se sont révélés impossibles à analyser ou négatifs. Quatorze échantillons, concernant treize victimes, se sont révélés positifs, mettant en évidence la présence de sarin dans de l'urine (huit fois), des cheveux (deux fois), des vêtements (trois fois), et du sang pour l'une des victimes déjà testée positive sur un habit", écrit le journal dans son édition datée de samedi.
Début juin, Paris avait accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir utilisé à au moins une reprise du gaz sarin dans sa guerre contre les rebelles. Dix jours plus tard, Washington a porté la même accusation.
Les Occidentaux affirment n'avoir eu aucune preuve jusqu'ici d'utilisation d'armes chimiques par les opposants syriens, comme l'affirme Damas qui rechigne depuis trois mois à autoriser une équipe d'enquêteurs de l'ONU à entrer sur son territoire.
Sur le terrain, les rebelles ont avancé dans la province méridionale de Deraa, berceau de la révolte, qui peut servir de point de passage pour le transfert d'armes venant de Jordanie vers les rebelles postés dans la province de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ils ont pris "deux bâtiments utilisés par les forces du régime pour surveiller l'ensemble de l'agglomération", selon l'OSDH. "Ce sont les positions les plus importantes conquises par les rebelles à Deraa" en 27 mois de conflit.
Dans le même temps toutefois, l'armée bombardait les régions rebelles de la province, causant la mort de six femmes et de quatre enfants, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays.
Cette victoire rebelle fait suite à des succès de taille remportés par l'armée, surtout dans la province de Homs (centre), également stratégique sur la route de Damas, grâce à l'appui décisif du Hezbollah chiite libanais, un allié de M. Assad, de confession alaouite (branche du chiisme).
Alors que le conflit prend une tournure de plus en plus confessionnelle, notamment depuis l'implication du Hezbollah, Bagdad a admis que des miliciens chiites irakiens participaient aux combats en Syrie au côté du régime.
Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a parlé "des centaines" de chiites irakiens combattant les rebelles, en majorité sunnites, tout en soulignant que cela ne relevait "pas d'une politique du gouvernement", dans une déclaration au journal Al-Hayat.
Fervents soutiens de la rébellion, les six monarchies du Golfe ont pour leur part annoncé une réunion jeudi à Ryad pour mettre en place les mécanismes d'application des sanctions décidées contre "les membres" du Hezbollah résidant sur leurs territoires, et visant leur titre de séjour et activités "financières et commerciales".
Le conflit en Syrie a fait plus de 100.000 morts selon l'OSDH et les efforts diplomatiques pour une solution politique sont dans l'impasse.