Syrie: opérations massives des forces de sécurité, au moins 5 morts à Deraa
AFP
Damas - Les forces de sécurité sont intervenues lundi par centaines dans plusieurs villes en Syrie faisant, selon un militant, au moins cinq morts à Deraa, dans le sud du pays, dans le but de mater la contestation anti-régime née il y a six semaines dans cette ville.
"Les hommes tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés qui les protègent", a déclaré à l'AFP un militant Abdallah Al-Harriri, joint au téléphone depuis Nicosie.
Au moins cinq personnes ont été tuées, selon un témoin. "Nous les avons vus de nos propres yeux. Ils étaient dans une voiture qui a été criblée de tirs", a indiqué ce militant.
Ces décès portent à au moins 366 le nombre de personnes ayant péri depuis le début de la contestation le 15 mars, selon des chiffres compilés par l'AFP.
"Les minarets des mosquées lancent des appels au secours. Les forces de sécurité sont entrées dans les maisons. Il y a un couvre-feu et ils tirent sur ceux qui sortent de chez eux. Ils ont même tiré sur les réservoirs d'eau sur les toits pour priver les gens d'eau", a ajouté le témoin.
Selon un autre militant ayant pu entrer en contact avec Deraa, une ville agricole de 75.000 habitants, "des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre-ville".
Il a précisé qu'il y avait des corps "dans la rue" que les habitants "ne peuvent pas récupérer". D'après lui, "l'électricité est coupée et les communications téléphoniques sont presque impossibles".
Après le lancement de cette intervention à quelques kilomètres de la Jordanie, "la Syrie a fermé ses frontières terrestres avec la Jordanie", a annoncé le ministre jordanien de l'Information Taher Adwan.
L'agence officielle syrienne Sana, citant le directeur général des douanes Moustapha Bouqaï, a démenti cette information affirmant que "tous les poste-frontières avec les pays voisins, notamment avec la Jordanie sont ouverts".
Selon des militants, des opérations des services de sécurité étaient également en cours à Douma, à 15 km au nord de Damas, et al-Mouadamiyeh, dans la banlieue de la capitale.
"Il est clair que les autorités syriennes ont pris la décision d'une solution militaire et sécuritaire", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme.
D'après lui, la nouvelle loi sur la réglementation des manifestations promulguée jeudi -en vertu de laquelle une demande d'autorisation doit être adressée au ministère de l'Intérieur cinq jours au moins avant la manifestation- "a servi" à réprimer la contestation.
Dimanche, treize personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par les forces de l'ordre à Jableh, près de Lattaquié (nord-ouest), a indiqué lundi un militant à l'AFP.
Après une visite du nouveau gouverneur de la région dans la ville, les forces de l'ordre ont encerclé Jableh et commencé à tirer sur les gens, a indiqué un militant.
Le régime du président Bachar al-Assad, malgré ses annonces de réformes telles que l'abrogation de la loi d'urgence et des tribunaux d'exception, persiste à réprimer les manifestations, selon les opposants et les ONG internationales.
Le gouvernement américain se prépare à appliquer des sanctions à l'encontre de hauts responsables proches du président syrien qui supervisent la violente répression, a indiqué dimanche soir le Wall Street Journal.
Dimanche, après des funérailles de victimes de la répression, des milliers d'habitants de la province de Deraa avaient manifesté sans que les forces de sécurité n'interviennent, selon un militant.
Les protestataires avaient brandi des drapeaux syriens et des pancartes appelant "à la suppression de l'article 8 de la Constitution" sur la suprématie du parti unique Baas, avait-il ajouté.
Le 23 mars, au moins une centaine de personnes avaient été tuées par les forces de l'ordre à Deraa où se déroulaient d'importantes manifestations depuis plusieurs jours, selon des militants et des témoins.
Par ailleurs, une vague d'arrestations a été menée ces derniers jours dans plusieurs villes par les services de sécurité dans les rangs des militants opposés au régime.
Wissam Tarif, qui dirige un groupe syrien de défense des droits de l'Homme basé à Séville et appelé Insan, a indiqué pour sa part dimanche que 221 personnes avaient disparu en Syrie depuis le début de la journée de vendredi.