Syrie: plus de 100.000 morts, la solution politique s'éloigne
AFP
Damas - Au moins 100.191 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en Syrie depuis le début du soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad qui s'est transformé en une guerre civile après avoir été écrasé dans le sang, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
A son tour, l'émissaire spécial des Nations Unies et de la Ligue Arabe pour la Syrie, Lakdhar Brahimi a "douté" qu'elle se tienne en juillet.
Genève-2, qui fait suite à un premier plan de paix international signé le 30 juin 2012 à Genève mais jamais appliqué, est une idée de Washington et de Moscou pour tenter d'ouvrir des négociations afin de parvenir à un gouvernement de transition réunissant régime et opposition.
Mais selon une source diplomatique proche des négociations, Russes et Américains divergent toujours sur la composition de ce gouvernement. Les Américains répètent qu'il doit exclure totalement Bachar al-Assad, alors que pour les Russes, ce gouvernement comprend des membres de l'opposition et du régime dont Bachar al-Assad. Aucun terrain d'entente n'a pu être trouvé en dépit des heures de discussion.
"La situation sur le terrain et le fait que le régime continue d'éviter toute discussion constituent de vraies entraves", a affirmé Patrick Ventrell, porte-parole adjoint du Département d'Etat américain.
Washington avait annoncé il y a deux semaines vouloir dorénavant apporter un "appui militaire" à la rébellion contre le régime du président Bachar al-Assad, signe que la situation risque d'aller à davantage de confrontation.
Les 1er et 2 juillet prochain, les ministres des Affaires étrangères russe et américain Sergueï Lavrov et John Kerry devraient discuter de la crise syrienne à Brunei, en marge d'un Forum régional.
"Nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais les Etats-Unis et la Russie sont d'accord sur le fait que la seule porte de sortie à ce conflit passe par une solution politique", a toutefois martelé le porte-parole américain.
Le conflit a fait au moins 100.191 morts depuis le début en mars 2011 du soulèvement devenu guerre civile, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ce bilan comprend notamment 36.661 civils, 18.072 rebelles et 25.407 membres de forces gouvernementales, a indiqué cette ONG qui se base sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires à travers le pays.
Et les violences ne cessent de faire rage au quotidien: mercredi, l'armée de l'air du régime a mené plusieurs raids contre Rastane, un des derniers bastions de la rébellion dans la province centrale de Homs. C'est dans cette région que l'armée syrienne, forte de l'appui du puissant Hezbollah libanais, a remporté sa principale victoire militaire en prenant début juin la ville rebelle de Qousseir.
Cette avancée a poussé les 11 pays occidentaux et arabes soutenant l'opposition à décider d'intensifier leur aide à la rébellion pour inverser le rapport de forces sur le terrain en sa faveur avant l'éventuelle tenue de Genève-2.
Mardi, l'Arabie saoudite s'est engagée à ne plus rester "les bras croisés" face aux tueries perpétrées en Syrie.
"Nous ne resterons plus les bras croisés et aiderons le peuple syrien à se défendre", a affirmé le chef de la diplomatie Saoud Al-Fayçal lors d'une conférence de presse avec son homologue américain, John Kerry, qui effectue une tournée dans la région visant à coordonner le soutien à la rébellion.
Damas, qui assimile les rebelles à des "terroristes" financés par les monarchies du Golfe, a violemment réagi aux propos du prince Saoud, l'accusant d'avoir les mains "tachées de sang syrien".
"La violence en Syrie provient des armes saoudiennes, de l'argent saoudien et de terroristes liés à l'Arabie saoudite", a dit le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi.
Au Liban voisin, les incidents liés au conflit syrien se répètent depuis des semaines dans un pays divisé entre pro et anti-Assad. Une vingtaine de Syriens ont été blessés mercredi à coups de couteaux par des assaillants inconnus près de Beyrouth, selon la police libanaise.