Tunisie: grève "bien suivie" dans l'enseignement primaire
AFP
Tunis - La grève illimitée des instituteurs tunisiens était "bien suivie" dans la plupart des régions du pays, a affirmé lundi Nabil Haouachi, membre du syndicat national de l'enseignement primaire, en ce jour de reprise théorique des cours interrompus par la "révolution du jasmin".
Le gouvernement de transition avait décrété la reprise des cours pour lundi dans les écoles maternelles et primaires ainsi que pour les lycéens de classe terminale, mais le syndicat des instituteurs a appelé à une "grève illimitée" pour protester contre la présence de caciques de l'ancien régime dans le gouvernement de transition.
A Tunis, la grève a été suivie dans une école du centre, a constaté un journaliste de l'AFP. Les parents étaient venus nombreux à l'école de la Rue de Marseille mais, après des discussions avec les instituteurs, ils ont préféré ramener leurs enfants à la maison.
Les instituteurs grévistes ont indiqué ne pas pouvoir assurer la garde des enfants dans les classes.
Dans la banlieue de Tunis, à Mourouj, quelques parents ont insisté auprès des enseignants pour faire admettre leurs enfants dans les salles de classe, dénonçant "une grève politique" avant de finalement les ramener à la maison.
A Ben Arous et Mégrine, autres banlieues du sud de Tunis, le même scénario s'est répété, selon des journalistes de l'AFP.
La reprise de la scolarité, qui doit s'échelonner au cours de la semaine dans les collèges et lycées, est un test important pour le gouvernement de transition de Mohammed Ghannouchi qui tente de remettre le pays sur les rails.
Loin de s'effilocher, la mobilisation de divers secteurs de la population --militants de gauche, syndicalistes, islamistes ou simples citoyens-- contre la présence dans l'exécutif de caciques du régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali s'est encore accentuée pendant le week-end.
Cette pression populaire soutenue a relancé les spéculations sur la capacité de survie de ce gouvernement controversé au sein duquel les ministres de l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel tunisien détiennent les postes-clés de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.
Le chef du gouvernement M. Ghannouchi était lui-même le Premier ministre sortant du président déchu Ben Ali. Sa démission du RCD ainsi que celles des ministres de l'ancien régime et ses promesses de rupture avec le passé n'ont pas calmé la colère de nombreux Tunisiens.