Turquie: Erdogan se rend à Bruxelles pour défendre sa réforme judiciaire
AFP
Ankara - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, empêtré dans la plus grave crise politique de son règne de onze ans sur la Turquie, se rend lundi soir en visite à Bruxelles pour désamorcer les critiques suscitées par sa récente réforme judiciaire très contestée.
Initialement, le séjour de M. Erdogan dans la capitale européenne, le premier depuis cinq ans, avait été conçu pour célébrer la relance des relations Turquie-UE. Mais le scandale de corruption qui menace le régime d'Ankara a bouleversé son ordre du jour.
Le chef du gouvernement islamo-conservateur va retrouver les dirigeants européens en position d'accusé, alors que les critiques pleuvent pour dénoncer sa volonté de remettre au pas la justice turque et d'étouffer les enquêtes qui le menacent.
Dans ce climat, le ministre turc des Affaires européennes Mevlüt Cavusoglu a redit lundi la volonté de son pays d'éviter avec l'Union toute crise susceptible de faire une nouvelle fois dérailler la candidature de la Turquie à l'intégration.
"Nous espérons, nous souhaitons que le projet (de réforme) concernant le HSYK (haut-bureau des juges et magistrats) ne provoque pas de grave crise avec l'UE", a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien libéral Milliyet.
"Nous comprenons que l'initiative ait suscité certaines discussions mais nous allons leur (l'UE) en expliquer le bien fondé", a ajouté M. Cavusoglu, répétant que le projet de loi controversé était selon lui "conforme aux normes politiques de l'UE".
"Nous sommes prêts à discuter de tous le sujets" avait déclaré la veille son collègue des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, "nous sommes prêts à écouter toute critique ou tout point de vue, tant que ces critiques et opinions sont fondées sur les standards et les normes en vigueur dans l'Union européenne".
Une commission du Parlement turc discute depuis une dizaine de jours d'un texte de loi qui vise à modifier le fonctionnement du HSKY, notamment en accordant au ministre de la Justice le dernier mot dans le processus de nominations de magistrats.
Critiques
Son examen intervient alors que M. Erdogan a mené ces dernières semaines une purge sans précédent dans les effectifs de la police et de la justice de son pays, accusées d'abriter le cœur d'un "complot" ourdi par la confrérie d'un prédicateur musulman, Fethullah Gülen, contre son gouvernement et tout le pays.
Depuis le 17 décembre, des dizaines de patrons, hommes d'affaires et élus proches du pouvoir ont été inculpés ou incarcérés pour corruption, fraude et blanchiment dans une série d'enquêtes qui ont déjà provoqué la démission de trois ministres.
Le projet de loi de réforme judiciaire, qui sera débattu dès mardi en séance plénière, a provoqué une levée de boucliers dans l'opposition, qui le juge contraire à la Constitution, et de nombreuses critiques de la part de l'Union européenne (UE) ainsi que des Etats-Unis.
Dans ce contexte, nombre de commentateurs turcs ont prédit un déplacement à Bruxelles difficile pour le Premier ministre.
"M. Erdogan aurait mieux fait d'annuler sa visite à Bruxelles", a tranché dans le quotidien Taraf l'éditorialiste Semih Idiz. "Il est très probable qu'il va chercher à donner une leçon de démocratie, voire sermonner ses interlocuteurs européens qui vont lui faire des reproches", a-t-il anticipé, "des dégâts sont inévitables".
La cote de M. Erdogan en Europe a déjà pâli à la faveur de la répression de la vague de contestation antigouvernementale qui a agité son pays en juin dernier.
Conscient des risques de la visite, M. Davutoglu a exhorté dimanche Bruxelles à ne pas adopter "une attitude discriminatoire" envers la Turquie.
"Négocions le plus vite possible", a-t-il lancé à l'adresse de l'UE, promettant de ne "jamais reculer sur les normes démocratiques".
Les efforts de la Turquie pour adhérer à l'UE, formellement lancés en 2005, sont longtemps restés au point mort en raison notamment du différend territorial avec Chypre, membre de l'UE, et des réticences de la France et l'Allemagne à sa candidature.
Le chef du gouvernement islamo-conservateur va retrouver les dirigeants européens en position d'accusé, alors que les critiques pleuvent pour dénoncer sa volonté de remettre au pas la justice turque et d'étouffer les enquêtes qui le menacent.
Dans ce climat, le ministre turc des Affaires européennes Mevlüt Cavusoglu a redit lundi la volonté de son pays d'éviter avec l'Union toute crise susceptible de faire une nouvelle fois dérailler la candidature de la Turquie à l'intégration.
"Nous espérons, nous souhaitons que le projet (de réforme) concernant le HSYK (haut-bureau des juges et magistrats) ne provoque pas de grave crise avec l'UE", a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien libéral Milliyet.
"Nous comprenons que l'initiative ait suscité certaines discussions mais nous allons leur (l'UE) en expliquer le bien fondé", a ajouté M. Cavusoglu, répétant que le projet de loi controversé était selon lui "conforme aux normes politiques de l'UE".
"Nous sommes prêts à discuter de tous le sujets" avait déclaré la veille son collègue des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, "nous sommes prêts à écouter toute critique ou tout point de vue, tant que ces critiques et opinions sont fondées sur les standards et les normes en vigueur dans l'Union européenne".
Une commission du Parlement turc discute depuis une dizaine de jours d'un texte de loi qui vise à modifier le fonctionnement du HSKY, notamment en accordant au ministre de la Justice le dernier mot dans le processus de nominations de magistrats.
Critiques
Son examen intervient alors que M. Erdogan a mené ces dernières semaines une purge sans précédent dans les effectifs de la police et de la justice de son pays, accusées d'abriter le cœur d'un "complot" ourdi par la confrérie d'un prédicateur musulman, Fethullah Gülen, contre son gouvernement et tout le pays.
Depuis le 17 décembre, des dizaines de patrons, hommes d'affaires et élus proches du pouvoir ont été inculpés ou incarcérés pour corruption, fraude et blanchiment dans une série d'enquêtes qui ont déjà provoqué la démission de trois ministres.
Le projet de loi de réforme judiciaire, qui sera débattu dès mardi en séance plénière, a provoqué une levée de boucliers dans l'opposition, qui le juge contraire à la Constitution, et de nombreuses critiques de la part de l'Union européenne (UE) ainsi que des Etats-Unis.
Dans ce contexte, nombre de commentateurs turcs ont prédit un déplacement à Bruxelles difficile pour le Premier ministre.
"M. Erdogan aurait mieux fait d'annuler sa visite à Bruxelles", a tranché dans le quotidien Taraf l'éditorialiste Semih Idiz. "Il est très probable qu'il va chercher à donner une leçon de démocratie, voire sermonner ses interlocuteurs européens qui vont lui faire des reproches", a-t-il anticipé, "des dégâts sont inévitables".
La cote de M. Erdogan en Europe a déjà pâli à la faveur de la répression de la vague de contestation antigouvernementale qui a agité son pays en juin dernier.
Conscient des risques de la visite, M. Davutoglu a exhorté dimanche Bruxelles à ne pas adopter "une attitude discriminatoire" envers la Turquie.
"Négocions le plus vite possible", a-t-il lancé à l'adresse de l'UE, promettant de ne "jamais reculer sur les normes démocratiques".
Les efforts de la Turquie pour adhérer à l'UE, formellement lancés en 2005, sont longtemps restés au point mort en raison notamment du différend territorial avec Chypre, membre de l'UE, et des réticences de la France et l'Allemagne à sa candidature.