UE: la crise grecque pousse Berlin à accepter plus de gouvernance économique

AFP

Berlin - La crise grecque conduit l'Allemagne à accepter de renforcer la coordination des politiques économiques européennes, après s'y être opposée de tout son poids, selon des analystes.

UE: la crise grecque pousse Berlin à accepter plus de gouvernance économique
Berlin a longtemps été hostile à l'idée d'un "gouvernement économique européen" portée par la France depuis deux décennies, mais les attaques spéculatives des marchés contre la zone euro ont changé la donne et poussé le gouvernement allemand à envisager des formes de coopération plus étroites.

"Il va sans conteste falloir réfléchir" à la question de "nouvelles règles et possibilités de sanction" à l'égard des pays de l'Union européenne dont les finances publiques dérapent, a déclaré lundi un porte-parole du ministère allemand des Finances.

Le programme adopté début février par le couple franco-allemand prévoyait déjà de "renforcer la coordination des politiques économiques" des partenaires européens, en vue de soutenir leur croissance et d'assurer la cohésion de la zone euro.

A mesure que l'inquiétude monte en Europe à propos d'autres pays aux finances publiques fragiles, comme le Portugal, l'Italie et l'Espagne, "il y a un certain changement d'attitude de l'Allemagne", note Barbara Böttcher, chef du département de politique économique et européenne de Deutsche Bank Research.

Selon elle, cette crise fait prendre conscience à la première puissance économique européenne "qu'il ne suffit pas de se faire confiance" entre partenaires européens, mais qu'il faut aussi "plus de contraintes".

Jusqu'à présent, l'Allemagne considérait le projet de gouvernement économique européen comme une tentative de Paris de remettre en cause l'indépendance de la Banque centrale européenne pour influer sur ses décisions concernant les taux d'intérêt.

Pendant la crise financière de l'automne 2008, Berlin et Paris s'étaient de ce fait accrochés autour de la coordination de leurs plans de soutien aux banques puis de relance économique.

Mais aujourd'hui, "la crise grecque sert de catalyseur": elle "contraint à mettre en place une organisation institutionnelle de la zone euro", selon Sylvain Broyer, chef économiste adjoint de Natixis.

"L'Allemagne, comme d'autres pays européens, est face à un dilemme: d'une part, elle voudrait préserver le pacte de stabilité et de croissance et s'en tenir là; d'autre part, il faut éviter une faillite d'Etat au sein de la zone euro", résume Mme Böttcher.

Or "une aide --sous quelque forme que ce soit-- ne peut pas se faire sans contrepartie", et "induit donc nécessairement une plus forte ingérence" dans la politique économique des pays aidés, souligne Timo Klein, économiste chez Global Insight.

"Sous la pression des événements, on assiste bien à une réorientation" de la position allemande", mais en aucun cas Berlin n'envisage "d'abandonner toute souveraineté nationale en matière de politique économique", tempère-t-il.

Mi-février, le président français Nicolas Sarkozy avait déclaré que les dirigeants de l'UE acceptaient désormais à l'unanimité l'idée d'un "gouvernement économique", estimant que c'était "une des leçons de la crise".

"Nous nous considérons comme un gouvernement économique des 27, nous devons mieux nous coordonner", avait même appuyé la chancelière allemande Angela Merkel. Les commentateurs soulignent toutefois que ce terme a un sens bien plus restrictif pour Berlin que pour certains de ses voisins.

L'Allemagne se rallie certes à une plus grande coordination des choix économiques à moyen terme, mais pour la suite, elle reste méfiante sur tout transfert de pouvoir à l'UE, alors que d'autres pays prônent une Union budgétaire ou une convergence fiscale.


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