USA: Obama entretient le suspense sur la succession de Bernanke à la Fed
AFP
Washington - En donnant un satisfecit au chef de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, Barack Obama a relancé les paris sur une prolongation de son mandat à la tête de la banque centrale, alors même que l'intéressé est vilipendé par les républicains, sa "famille" politique.
Ben Bernanke
Le 16 juin, il vantait sur la télévision Bloomberg le "travail extraordinaire" accompli par Bernanke pour lutter contre la crise.
Le 23, il déclarait en conférence de presse que celui qui fut chef des conseillers économiques de son prédécesseur George W. Bush avait "obtenu de bons résultats" avec la politique de soutien sans précédent mise en place par la Fed pour aider l'économie à passer la crise.
Les deux fois cependant, Obama a éludé en riant une question sur une éventuelle reconduction de cet ancien professeur de Princeton à la tête de la banque centrale.
Bernanke a été nommé président de la Fed par Bush pour succéder en février 2006 à Alan Greenspan. Son mandat expire fin janvier 2010.
A l'arrivée du démocrate Barack Obama à la Maison Blanche en janvier, la presse américaine ne donnait pas cher de sa reconduction à la présidence de la Réserve fédérale.
C'est le président américain qui nomme les gouverneurs de la Fed et choisit parmi eux leur chef. En annonçant dès la mi-décembre son intention de nommer gouverneur Daniel Tarullo, universitaire spécialiste de la régulation financière, Obama en avait fait un successeur potentiel à Bernanke.
Mais depuis janvier, celui-ci a gagné progressivement la confiance du président, qu'il rencontre régulièrement. Au point que le New York Times titrait récemment sur la déception de Larry Summers, principal conseiller économique de Obama, à qui le journal prête l'ambition de vouloir succéder à Bernanke. L'intéressé a toutefois démenti nourrir un tel projet.
Le scénario reste néanmoins possible, puisque deux sièges restent encore vacants au Conseil des gouverneurs de la Fed.
La banque centrale étant en théorie indépendante du gouvernement dans la conduite de sa politique, son président est susceptible de survivre aux changements politiques à la tête du pays.
L'histoire récente est sur ce point exemplaire puisque, depuis 1951, trois des quatre prédécesseurs de M. Bernanke ayant été au bout de leur premier mandat ont été reconduits par un président du camp opposé à celui qui les avait nommé.
Plusieurs observateurs trouveraient d'ailleurs logique d'assurer une certaine continuité en maintenant Bernanke à son poste alors qu'à la fin de son mandat l'économie américaine devrait tout juste commencer à se rétablir.
Mais Bernanke ne compte pas que des amis, notamment au Sénat, à qui il revient de confirmer la nomination du président de la Fed.
Témoignant jeudi devant une commission mixte du Congrès sur son rôle dans le rachat de Merrill Lynch par Bank of America, il a pu prendre la mesure de l'animosité de nombre d'élus des deux camps à son égard.
Ceux-ci lui reprochent sans ménagement la responsabilité de la Fed dans la génèse de la crise financière et, en filigrane pour les républicains, son renoncement supposé aux principes de la libre entreprise.
Un certain nombre de parlementaires éminents ont signifié leur refus de doter la Fed de nouveaux pouvoirs de régulation comme le souhaite le gouvernement, et notamment Obama, qui semble s'être rangé aux vues de Bernanke sur ce point.