Un jeune musicien tunisien cherche à faire revivre la musique berbère

magharebia.com/Mona Yahia

Sabri Aouni est un jeune musicien tunisien qui s'est éloigné du courant dominant, fouillant dans la musique berbère d'origine maghrébine. Aouni, dont la popularité n'a cessé de croître depuis qu'il a chanté "Berberiyat" en Tunisie et en Libye, évoque son art avec Magharebia.

Un jeune musicien tunisien cherche à faire revivre la musique berbère
Magharebia: Pourquoi avez-vous choisi la musique berbère en particulier ?
Sabri Aouni: L'intérêt que je porte au rythme et à ses particularités m'a amené à fouiller profondément, à creuser notre héritage musical. J'ai découvert alors que les premiers instruments utilisés par les habitants originaux, dont faisaient partie les nord-africains, étaient des instruments rythmiques.
Magharebia: Qu'avez-vous découvert sur la musique ?
Aouni: J'ai découvert qu'elle était riche, et qu'on l'utilisait rarement. Contrairement à la musique commune ou andalouse qui est très répandue dans les états du Maghreb arabe et qui se limite à certains Maqams, la musique berbère est ouverte et développée.
Magharebia: Vous dites qu'elle est donc développée, mais rarement utilisée. Quelle en est selon vous la raison ?
Aouni: La raison majeure est que les générations précédentes de musiciens en Tunisie ont amené les générations plus jeunes à s'intéresser aux musiques arabes et orientales, qui sont devenues leur centre d'attention majeur. L'héritage local, d'un autre côté, a été presque négligé.
Magharebia: Comment faire revivre cette forme artistique ?
Aouni: Cette musique peut revivre en la préservant d'un côté, et, de l'autre, en la développant et en lui infusant de la musique étrangère, afin qu'elle puisse intéresser un public plus large.
Magharebia: Pensez-vous que les autorités de Tunisie s'intéressent au développement et à la préservation de ce type de musique ?
Aouni: Il y a presque quatre ans, la musique berbère a commencé à attirer l'attention, en particulier quand le Ministère de la Culture s'est intéressé à la question de la préservation de notre héritage. Toutefois, le soutien accordé aux concerts est encore très faible.
Magharebia: Le public tunisien s'intéresse-t-il à la musique berbère ?
Aouni: Au début, j'ai fait des solos, qui ont été très populaires. J'ai senti que le public était affamé de rythmes. J'ai alors ajouté quelques musiciens, et le groupe est maintenant composé de vingt personnes. J'ai également introduit de nouveaux instruments comme le Nay et le Jemberi.
Magharebia: Quels sont vos projets pour l'avenir ?
Aouni: Je veux partir en France, parce que je sens que je vais réussir là-bas.
Magharebia: Et pourquoi est-ce que vous ne "réussiriez " pas en Tunisie ?
Aouni: En Tunisie, il y a des idées préconçues auxquelles nous ne pouvons pas échapper. Les tunisiens croient que les instruments rythmiques n'existent que pour assurer de simples spectacles folkloriques.
Magharebia: Est-ce que vous avez contacté d'autres musiciens du Maghreb pour arranger des concerts communs ?
Aouni: J'ai pensé à m'unir avec d'autres musiciens du Maghreb. Toutefois, je ne suis jamais parvenu à rentrer en contact avec aucun d'entre eux. En même temps, j'aimerai pouvoir monter sur scène avec des musiciens chinois parce qu'ils ont une longue tradition du rythme, et qu'il serait merveilleux d'assister à un concert donné conjointementpar un artiste nord-africain et un autre qui viendrait d'Asie.
Magharebia: Quel est votre message à l'intention de votre génération de musiciens ?
Aouni: Je pense qu'un artiste devrait rechercher son identité propre avant toute autre chose. Les artistes tunisiens, de nos jours, chantent tous les genres de musique et ils n'ont aucune idée de leur orientation correcte. Je les presse de se mettre en quête de leur identité parce que ce sera leur point de lancement vers le succès.


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