Un livre dénonce des failles dans la sécurité d'Air France
AFP
Paris - Un livre d'un journaliste du Figaro mettant en doute la sécurité d'Air France sort mercredi, le jour même où la compagnie française doit publier une perte d'exploitation record pour son exercice 2009/2010.
"La sécurité de la compagnie répond aux standards les plus exigeants de l'industrie aéronautique internationale, a réagi Air France dans un communiqué. "Elle respecte et se conforme à toutes les réglementations nationales et internationales en vigueur", a-t-elle ajouté.
Dans son livre, M. Amédéo écrit: "Air France possède une flotte d'avions ultra-moderne, des pilotes qui comptent parmi les meilleurs au monde... mais (...) les statistiques de sécurité d'une compagnie de seconde catégorie", en raison de deux catastrophes majeures en une décennie, l'accident du Concorde et le crash du vol Rio-Paris.
"Un problème qui ne semble pas être technique mais culturel", selon le journaliste, qui affirme que "le management social pratiqué pendant une décennie et un certain laxisme ont une part de responsabilité dans cette réalité".
Revenant sur l'accident du Rio-Paris en juin 2009, qui reste pour l'instant inexpliqué même s'il est établi que la défaillance des sondes Pitot mesurant la vitesse a joué un rôle dans le crash, Fabrice Amédéo n'hésite pas à parler d'une "faillite collective du retour d'expérience", compte tenu des incidents déjà répertoriés sur ces sondes.
Selon lui, le crash aurait même pu être évité si la compagnie avait équipé ses appareils, comme l'a fait sa concurrente allemande Lufthansa dès 2008, du système de pilotage de secours "BUSS", qui aurait permis à l'équipage de "poursuivre sa route en toute sécurité", même en cas de défaillance des sondes.
Mais, affirme M. Amédéo, "la direction du matériel d'Air France a refusé l'installation de cet équipement demandée par nombre de ses pilotes au motif qu'il n'était pas fiable".
Dans un chapitre intitulé un "management déficient", le journaliste souligne que la "culture de la sanction est absente d'Air France, contrairement à ses concurrentes", que les pilotes sont "intouchables". Conséquence: Air France est une entreprise "où la remise en question est structurellement impossible et où des décisions de bon sens ne sont parfois pas prises".
De son côté, la companie assure qu'elle "travaille continuellement sur des axes d'amélioration de la sécurité des vols". Elle affirme avoir mis en place, en 2010, un projet baptisé "Trajectoire", censé "proposer et étudier des initiatives visant à l'amélioration de la sécurité des vols".
Pour 2009/2010 (clos fin mars), la perte d'exploitation de la compagnie devrait atteindre environ 1,3 milliard d'euros, soit le plus mauvais chiffre depuis le rapprochement d'Air France et KLM en 2004. Ce chiffre doit être rendu public après la fermeture de la Bourse à Paris.