Un ministre brésilien écarte la thèse de l'explosion en vol
Reuters
Un avion radar brésilien a repéré mercredi des débris de l'Airbus disparu d'Air France, éparpillés sur plus de 90 km dans l'Atlantique, ce qui renforcerait l'hypothèse qu'il se soit brisé en plein vol.
"La présence de nappes de carburant devrait exclure la possibilité d'un incendie, d'une explosion", a expliqué le ministre lors d'une conférence de presse à Brasilia. "Si nous avons des nappes de carburant, c'est qu'il n'a pas brûlé".
Une source proche de l'enquête, citée par Le Figaro de jeudi, évoque la piste d'une désintégration en vol, compte tenu de la dispersion des fragments "sur une distance de plus de 300 km". Mais Paul-Louis Arslanian, président du BEA (Bureau d'enquêtes et d'analyses) a prévenu que la dispersion des éléments ne pouvait être interprétée pour le moment. "Si nous avions une grande dispersion, il peut y avoir plusieurs explications", a-t-il dit. "Cela fait quelques jours que l'accident a eu lieu et il y a des courants et du mauvais temps qui peut amener des dispersions."
L'Airbus, qui assurait la liaison entre Rio de Janeiro et Paris, s'est abîmé lundi avec 228 personnes à son bord. Un avion radar brésilien a repéré mercredi de nouveaux débris et une nappe de kérosène de 20 km, à 90 km au sud d'une première zone.
Air France a révélé mercredi avoir reçu le 27 mai - soit quatre jours avant la catastrophe du vol AF 447 - un appel téléphonique anonyme faisant état de la présence d'une bombe à bord d'un de ses vols en partance de Buenos Aires. Selon un porte-parole de la compagnie, l'appareil en question a été fouillé, en vain, et a pu décoller, avec 90 minutes de retard sur l'horaire prévu.
José Carlos Pereira, ancien directeur de l'Autorité aéroportuaire brésilienne Infraero, a dit "continuer de penser que de violentes turbulences ont infligé à l'avion des dégâts structurels". "Sa chute a été localisée, mais sa destruction a été totale", a-t-il dit à Reuters.
Deux navires de la marine brésilienne sont arrivés dans la où s'est abîmé l'appareil, à 1.100 km au nord-est des côtes brésiliennes. A la tombée de la nuit, mercredi, ils n'avaient pas encore pu récupérer de débris.
UNE PIÈCE DE SEPT MÈTRES APERÇUE
Des pilotes de l'armée de l'air brésilienne survolant la zone n'ont signalé aucun indice de la présence de survivants ou de corps à la surface de l'océan.
Des équipements de recherche français capables de descendre jusqu'à 6.000 mètres de fond doivent arriver dans le secteur d'ici une semaine.
Experts et responsables politiques prévoient une enquête longue et difficile, que les 'boîtes noires' de l'Airbus A330 soient ou non retrouvées. Ces enregistreurs de vol, qui émettent pendant 30 jours un signal, pourraient reposer à des milliers de mètres de fond. "Je ne suis pas d'un optimisme total, on ne peut pas exclure qu'on ne retrouve pas les enregistreurs", a dit mercredi le président du BEA.
L'appareil n'a pas émis de signal de détresse avant l'accident. Il n'a envoyé que des messages automatiques signifiant des défauts électriques et une dépressurisation peu après être entré dans un système orageux.
La marine brésilienne estime à 2.000 à 3.000 mètres la profondeur de l'océan dans les environs, les autorités françaises évoquant une profondeur encore supérieure.
A Paris, lors d'une cérémonie oecuménique à Notre-Dame de Paris, un message du pape exprimant ses "vives condoléances" a été lu mercredi aux familles. Le président Nicolas Sarkozy et son épouse ont assisté à la cérémonie, ainsi que le Premier ministre François Fillon, l'ancien président Jacques Chirac, le premier secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry et le président du MoDem François Bayrou.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, participera quant à lui aux cérémonies prévues au Brésil dans les prochains jours.
La France et le Brésil sont les pays les plus touchés par la catastrophe, avec 73 et 58 ressortissants disparus.
Le Brésil mène des opérations de recherche à partir de Fernando de Noronha, archipel volcanique peu peuplé et réserve naturelle au large de ses côtes nord-est. Les Brésiliens ont mobilisé 11 avions de l'armée de l'air, et, outre quatre navires de la marine, un tanker pour les opérations de récupération qui selon Jobim se dérouleront dans un rayon d'environ 190 km.
Jorge Amaral, colonel de l'armée de l'air brésilienne, a déclaré que la pièce de métal de sept mètres localisée à la surface mercredi était à ce jour l'élément le plus gros aperçu par les équipes de recherche. "Nous pensons que cette pièce de sept mètres pourrait avoir appartenu à l'avion, c'est peut-être une pièce latérale, en acier. Elle faisait partie peut-être du fuselage ou de la queue", a-t-il dit à la presse.