Un parc mémorial aux victimes du 11 septembre 2001 au Pentagone

Reuters

Washington - Le président George Bush inaugurera jeudi le premier grand mémorial permanent aux 184 victimes de l'avion détourné par cinq kamikazes d'Al Qaïda qui l'avaient précipité sur le Pentagone le 11 septembre 2001.

Ce matin-là, au ministère américain de la Défense, Patrick Smith s'approchait d'un téléviseur pour prendre des nouvelles de ce qui se passait au World Trade Center de New York, dont les tours jumelles venaient d'être percutées par deux autres avions de ligne détournés par Al Qaïda.

C'est alors que Smith a entendu un énorme grondement.

"Le mur en face de moi s'est déformé vers l'intérieur. Les carreaux du plafond et les fils électriques ont commencé à tomber. Ce fut le noir complet, puis une boule de feu géante a franchi le mur", se souvient-il.
De tels scènes reviendront à coup sûr en mémoire aux autres survivants qui, comme Smith, assisteront jeudi à l'inauguration du mémorial, conçu par deux designers new-yorkais, Julie Beckman et Keith Kaseman.

Le mémorial est un parc planté d'érables, hérissé de réverbères et parsemé de bancs dédiés à chacune des victimes: les 59 passagers et membres de l'équipage de l'avion et 125 membres du personnel du Pentagone.

Les deux concepteurs du parc ont fait "du beau travail", estime Smith, un civil qui travaillait à l'époque au service du personnel de l'armée américaine. Il est bien conscient de sa chance d'avoir survécu à l'attentat.
"Je pouvais entendre et sentir mes cheveux et les poils de mes bras commencer à roussir en raison de l'intense chaleur du feu. Si j'avais avancé deux mètres de plus, il y a de fortes chances que je ne serais pas là aujourd'hui en train de vous parler."

"SILENCE DE MORT"
Smith a aperçu une de ses collègues prisonnière des flammes mais elle n'a pas pu s'en sortir et il n'a pas été en mesure de l'aider.

Smith a plongé au sol et rampé hors de l'enfer, en aidant au passage une autre collègue blessée à se mettre en sécurité. "Elle avait des brûlures au second degré et commençait à peler du visage", se rappelle-t-il.

Smith confie que le souvenir de ces moments dramatiques s'atténue un peu avec le temps mais il sait qu'ils ne s'effaceront jamais totalement de sa mémoire.

Le sergent Jessica Walker, elle, a tout de suite pensé que le Pentagone pouvait être lui aussi la cible de kamikazes en voyant à la télévision les images des tours jumelles du WTC en flammes.

"Vous savez, madame, nous sommes tout aussi vulnérables", a-t-elle confié à sa supérieure hiérachique dans leur bureau commun.

A ce moment précis, deux colonels qui avaient dû voir par une fenêtre l'avion détourné s'approcher du Pentagone surgissent dans la pièce, affolés, et l'un des officiers s'écrie: "Oh, mon Dieu!, un avion va percuter le bâtiment!"

Aussitôt après le choc, Walker et les officiers se précipitent dans un couloir pour fuir. "Pendant tout ce temps, il y avait comme un silence étrange, sinistre. Je sais que nous courions probablement aussi vite que nous le pouvions, mais tout semblait se dérouler au ralenti", se souvient le sergent Walker.

Une impression partagée par un autre survivant de l'attaque, un attaché de presse de la marine, le capitaine Tom Van Leunen. "Il y avait un silence de mort. C'était un jour tellement inquiétant..." /MD
(version française Marc Delteil)


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