"Une femme à abattre", un drame dans l'ombre d'Anna Politkovskaïa

AFP

Le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa est assassinée à son domicile: c'est le point de départ d'"Une femme à abattre", un film d'Olivier Langlois pour Arte, qui revient sur le destin de la journaliste à travers le drame personnel d'une jeune femme.

Les scénaristes Didier Lacoste et Pauline Rocafull, qui ont enquêté à Moscou, expliquent avoir cherché "un dispositif dramatique à double-détente, plus émotionnel que la stricte enquête d'une journaliste sur les traces d'Anna Politkovskaïa".
De fait, Claire, la jeune héroïne du film interprétée avec sensibilité par Mélanie Doutey, n'enquête pas sur la mort d'Anna Politkovskaïa. Elle se trouve précipitée dans une histoire qui la dépasse alors qu'elle recherche l'homme qu'elle aime. Une histoire qui va la conduire jusqu'en Tchétchénie...
Le film a été tourné en Bulgarie et une semaine à Moscou pour les plans extérieurs. Le sujet étant particulièrement sensible, l'équipe a obtenu les autorisations des autorités russes en se faisant passer pour des journalistes réalisant un reportage sur la ville.
"A Moscou l'ambiance était pesante", reconnaît Mélanie Doutey. "A partir du moment où on se penche sur le destin tragique d'Anna et de beaucoup de journalistes, on se sent responsable et on se dit qu'on tient quelque chose de précieux entre les mains", explique-t-elle à l'AFP.
Au fil de l'intrigue, la tension monte, servie par des images aux lumières froides tirant sur le vert.
Pour l'écriture du scénario, Didier Lacoste et Pauline Rocafull ont rencontré le correspondant du journal d'Anna Politkovskaïa, Novaïa Gazeta, à Bruxelles, et, à Moscou, le rédacteur en chef et l'ex-colonel chargé de l'enquête pour le compte du journal. Ce dernier personnage est repris presque à l'identique dans le film.
Mélanie Doutey dit avoir été particulièrement touchée par l'action d'Anna Politkovskaïa au moment de la prise d'otages de Beslan qui a fait plus de 300 victimes en 2004 et où elle devait servir de médiatrice. Une tentative d'empoisonnement l'avait empêchée de se rendre en Ossétie du Nord.
"Son assassinat n'a fait qu'accroître mon intérêt et j'ai lu ses écrits sur la politique de Poutine, sur la guerre en Tchétchénie, sur les femmes russes", ajoute la jeune actrice qui tourne actuellement un film écrit par Michel Blanc.
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"Une femme à abattre" a reçu le prix du meilleur scénario au festival 2008 de la fiction TV de La Rochelle.


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