Une nouvelle loi régissant le travail domestique verra bientôt le jour au Maroc
Magharebia.com/Sarah Touahri
Le travail domestique au Maroc pourrait prochainement être réglementé, dès que le ministère de l'Emploi aura mis la touche finale à un projet de loi qui fixera pour la première fois les conditions d'emploi dans ce secteur important de l'économie.
Ce nouveau projet de loi – qui devrait être déposé sur le bureau du parlement lors de la session d'avril – est destiné à combler ce vide juridique. L'objectif du gouvernement est d'accorder les mêmes droits et protections aux employés de maison qu'aux autres salariés, et d'imposer des pénalités plus sévères aux contrevenants du règlement sur le travail des enfants.
Les personnes employant un personnel domestique âgé de moins de 15 ans, ou qui n'ont pas l'autorité de tutelle pour les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans, seront sanctionnées.
Ce nouveau projet de loi prévoit également des directives en matière salariale pour les employés domestiques. Les petites bonnes et autres employés de maison devront être payés au moins 50 pour cent du salaire minimum garanti, qui est actuellement de 1 800 dirhams par mois.
De plus, les employeurs pourront demander un mois de période d'essai pour les nouveaux employés, renouvelable une seule fois. Au-delà, ils devront formaliser le contrat de travail, y compris un contrat légal garantissant le salaire et les conditions d'emploi.
L’employé devra bénéficier d’un repos hebdomadaire d’au moins 24 heures ainsi que d’un congé annuel payé. La période de ce congé ne doit pas être inférieure à un jour et demi par mois pour la durée du travail effectuée.
Les bonnes attendent avec impatience l’entrée en vigueur de la loi pour pouvoir bénéficier de leurs droits. Actuellement, ce secteur est en pleine anarchie. Les employés travaillent souvent pendant des années sans aucune reconnaissance et sans salaire décent. Jamila Bahja, 32 ans, travaille comme bonne depuis l'âge de 12 ans. "J’ai passé ma vie à errer d’une maison à l’autre", explique-t-elle. "Le salaire mensuel ne dépasse pas 600 dirhams et je n’ai pas le droit au repos."
Elle ajoute que le travail domestique a besoin d'être reconnu. "Nous sommes aussi des êtres humains ayant des droits."
Le gouvernement marocain et les syndicats tentent de régler les conflits
Certains travailleurs restent sceptiques quant à la mise en oeuvre de cette future loi. "Qui peut nous garantir que la loi sera appliquée comme il faut ?", demande Salawa, 24 ans. "J’espère bien que les choses vont changer. Au moins, nous aurions une base pour réclamer nos droits."
Outre une réglementation plus stricte, les autorités marocaines travaillent également à mieux sensibiliser l'opinion à l'exploitation et au travail des enfants.
Depuis 2007, un programme baptisé "Inqad" sensibilise les citoyens à l’importance de dénoncer le travail domestique des petites filles. Selon le ministère du Développement Social, ce programme a porté ses fruits ; le public commence à dénoncer les mauvais comportements de certains employeurs.
Le ministre du Développement Social Nouzha Skelli a expliqué à Magharebia que le problème du travail des enfants – en particulier le travail domestique des jeunes filles – est l'une des grandes priorités du gouvernement. Selon Mme Skelli, le problème est lié à plusieurs causes, dont la pauvreté et l'éducation.