Vatican: première explication franche pour les cardinaux avant le conclave
AFP
Cité du Vatican - Quatre jours après la démission historique du pape, les cardinaux ont réclamé lundi des explications franches sur le fonctionnement de l'Eglise, lors de rencontres au Vatican destinées à préparer le prochain conclave et repérer les "papabili".
"Si nous voulons prendre les bonnes décisions, je suis certain que nous devons avoir quelques informations à ce sujet", a renchéri le cardinal sud-africain Wilfrid Napier, à propos du scandale Vatileaks qui a révélé intrigues et graves tensions au sein de la Curie romaine.
Le cardinal archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois est allé dans le même sens.
"Je pense que nous sommes là pour la semaine et quelques jours de la semaine prochaine. Nous prendrons tout le temps qu'il faut pour déterminer de quelle sorte de pape nous avons besoin. J'aimerais qu'il soit polyglotte, homme de foi, de dialogue. Il pourrait être jeune mais pas obligatoirement. Le nouveau pape aura nécessairement à affronter les problèmes dans la Curie", a déclaré le prélat français.
Benoît XVI, très respecté pour son message religieux et sa cohérence, se voit en revanche reprocher de n'avoir su réformer le gouvernement central de l'Eglise.
Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a indiqué qu'il n'y aurait pas de discussion générale à propos de Vatileaks, ajoutant toutefois que les cardinaux, venus du monde entier, pouvaient demander à leurs collègues "toutes les informations qu'ils jugent nécessaire".
Les turbulences au Vatican, et, récemment, les spéculations sur un prétendu "lobby gay", sont mal perçues par les cardinaux venus d'ailleurs. Selon eux, ils déforment l'image d'une Eglise à maints égards dynamique et courageuse, confrontée à des problèmes de survie.
Pour le cardinal espagnol Carlo Amigo Vallejo, "Vatileaks, c'est beaucoup de bruit pour rien, des problèmes d'organisation, de perfectionnement de la structure". Les chrétiens d'Afrique "ne se préoccupent pas beaucoup des petits problèmes de notre vie interne et de notre organisation", a-t-il dit, un peu amer.
Mgr Barbarin a d'ailleurs insisté sur le fait que les cardinaux devaient aussi avoir "un regard sur l'Eglise universelle". "Nous avons envie et besoin d'avoir un regard sur l'Eglise en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique.... Ca nous fait pas mal de travail pour les jours à venir!"
Les 209 cardinaux, électeurs (moins de 80 ans) ou non, ont été convoqués par le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré collège, pour ces "congrégations" de préparation au conclave. Lundi matin, 142 d'entre-eux étaient présents, dont 103 électeurs, a précisé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Quelques-uns, trop âgés ou malades, se sont excusés. La date très attendue du Conclave ne pourra être connue (à l'issue d'un vote à la majorité absolue) que lorsque tous les électeurs -- 115 annoncés -- seront présents.
Parmi les absents, l'ancien primat d'Ecosse, Keith O'Brien, a admis dimanche avoir eu des "comportements déplacés" à l'égard de jeunes prêtres de son diocèse, après que sa démission eut été acceptée par Benoît XVI la semaine dernière. Cet aveu met crûment en lumière le malaise sur les moeurs au sein de l'Eglise, dont les préceptes de chasteté et de pureté ne sont pas toujours observés par ses membres.
Une clarification sur ces sujets, ainsi que le dossier brûlant des cardinaux --dont certains présents aux congrégations-- accusés d'avoir protégé des prêtres pédophiles, devrait intervenir.
Pendant ses huit ans de pontificat, Benoît XVI a congédié des dizaines d'évêques infidèles à leurs voeux.
Ces premières "congrégations" permettront aux cardinaux venus des cinq continents et qui ne se connaissent pas bien, de prendre langue, de voir où va le vent. Pour 67 électeurs, c'est le premier conclave.
C'est lundi ou mardi que doivent être prises des dispositions pratiques en vue du Conclave dans la Chapelle Sixtine. Par exemple le feu vert pourrait être donné à l'aménagement et à l'installation de la fameuse cheminée par laquelle une fumée blanche indiquera urbi et orbi l'élection du 266ème pape.
Pour trouver le pape pasteur, spirituel, garant de la tradition et à poigne, le choix paraît très ouvert: il n'y a de favori et de camps préétablis.
Les noms les plus cités sont ceux de l'Italien Angelo Scola, l'Autrichien Christoph Schönborn, le Hongrois Peter Erdö, l'Américain Sean O'Malley, le Québécois Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Scherer, le Ghanéen Peter Turkson et le Philippin Luis Antonio Tagle.
Numériquement et psychologiquement, les chances d'un Occidental sont plus fortes qu'un "papabile" du Sud, qui même talentueux, serait moins connu.