Venezuela: début de campagne présidentielle acerbe entre Capriles et Maduro
AFP
Caracas - "Menteur" contre "fasciste", la bataille pour la succession de Hugo Chavez au Venezuela le 14 avril a donné lieu dimanche à des premiers échanges acerbes entre le candidat confirmé de l'opposition Henrique Capriles et le président par intérim Nicolas Maduro.
Henrique Capriles Radonsky
Aujourd'hui, "nous avons vu le visage nauséabond de fasciste que tu es", a lancé le président par intérim, critiquant une intervention "misérable", "déplorable", "irresponsable", ou encore "infâme".
Garantissant au "candidat perdant" de la présidentielle du 7 octobre une nouvelle "déroute le 14 avril", Nicolas Maduro lui a en outre reproché d'être au service de l'"oligarchie" et de fomenter des troubles dans le pays afin de justifier "une intervention étrangère".
Quelques minutes auparavant, Henrique Capriles avait assuré qu'il allait "lutter" pour la présidentielle, afin de "ne pas laisser la voie libre" au candidat du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), M. Maduro, intronisé dauphin officiel par le président Chavez début décembre.
Déjà candidat de la principale coalition d'opposition du pays le 7 octobre face à M. Chavez - il avait recueilli 44% des voix - le gouverneur de l'Etat de Miranda a aussi accusé le pouvoir d'avoir cherché à "gagner du temps" en mentant sur le réel état de santé du président malade.
"Tout a été minutieusement calculé" pour assurer la succession du dirigeant charismatique décédé mardi des suites d'un cancer après 14 années à la tête de l'Etat, a-t-il poursuivi. "Nicolas, tu as menti à ce pays", a-t-il martelé, prenant soin de toujours désigner son futur adversaire par son prénom. "Qui sait quand est mort le président Chavez?", a-t-il même demandé.
Exposée dans le salon d'honneur de l'Académie militaire de Caracas depuis mercredi, la dépouille de Hugo Chavez a été saluée par des centaines de milliers de Vénézuéliens faisant la queue nuit et jour pour lui rendre un dernier hommage.
Embaumés, les restes de l'ancien président seront transférés vendredi dans l'ancienne caserne d'où M. Chavez a lancé en février 1992 un coup d'Etat manqué contre le président Carlos Andres Perez, située dans le quartier déshérité du 23 de Enero à l'ouest de la capitale, a également déclaré dimanche M. Maduro.
Dans la foulée, le président par intérim a annoncé l'adoption mardi prochain par l'Assemblée nationale d'un "amendement constitutionnel" puis la convocation d'un référendum autorisant l'entrée de Hugo Chavez au Panthéon national, au côté du libérateur Simon Bolivar, ultime étape d'un culte de la personnalité exacerbé depuis la disparition du "Comandante".
A la mi-journée, Nicolas Maduro, recevant l'appui du Parti communiste vénézuélien, avait aussi appelé ses partisans à l"'unité" au risque de perdre "tout" le legs de Hugo Chavez. Il s'était également à nouveau appliqué à invoquer les mannes de l'ancien dirigeant charismatique: "Aujourd'hui je suis président conformément à la Constitution, mais surtout parce que c'est lui qui l'a demandé", avait-il assuré. "Je vais être candidat présidentiel, je vais être président et commandant en chef des forces armées parce qu'il me l'a ordonné", avait-il ajouté.
Avec un curriculum politique déjà bien fourni malgré sa jeunesse (40 ans), Henrique Capriles avait réussi en 2012 une campagne dynamique l'ayant mené aux quatre coins de ce riche pays pétrolier, multipliant les déplacements et les rassemblements publics, de plus en plus importants au fil des mois.
Nicolas Maduro, un ancien conducteur d'autobus et dirigeant syndical âgé de 50 ans, a lui gravi peu à peu tous les échelons du pouvoir sous la houlette de M. Chavez, de simple député à la présidence par intérim.
Il y a trois semaines, l'institut de sondage vénézuélien Hinterlaces indiquait que Nicolas Maduro battrait Henrique Capriles de 14 points.