Vin: une femme maître de chai, du jamais vu aux Hospices de Beaune
AFP
On vit, on dort, on mange, on respire, on boit +Hospices de Beaune+": Ludivine Griveau, première régisseuse du prestigieux domaine bourguignon, passera son grand oral le 15 novembre lors de la 155e vente des vins de cette institution séculaire.
Sa nomination n'est pas passée inaperçue quand les Hospices, héritage de Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne au XVe siècle, ont confié leurs vignes à une femme. Qui plus est, jeune: 38 ans. "J'ai mis un moment à réaliser mais j'étais assez fière de porter ce petit bout d'institution avec moi", confie celle qui évolue avec aisance dans son nouveau rôle.
"Rien ne prédestinait" cette énergique mère de trois jeunes enfants à travailler dans le vin: un père et un mari qui officient dans des milieux industriels, une mère commerçante. "J'ai petit à petit orienté mes choix vers ce qui s'apparentait à de l'évaluation sensorielle et l'agronomie." Jusqu'à la "révélation", lors d'un stage dans une maison de négoce bourguignonne.
Après diverses expériences professionnelles, elle obtient un poste d'adjoint au maître de chai à Rully (Saône-et-Loire) puis elle est nommée directrice technique de la Maison Corton-André à Aloxe-Corton (Côte-d'Or). A ce titre, elle participe à la vente des Hospices de Beaune comme acheteuse.
En 2014, l'imminence du départ en retraite de Roland Masse, régisseur du domaine des Hospices depuis quinze ans, fait germer une "petite graine" dans sa tête. Elle candidate, consciente de son "audace", mais certaine que ce poste est "pour elle".
"C'était aussi un moyen pour les Hospices de Beaune de prouver au monde qu'on recrute pour des compétences plutôt que pour un poste figé à jamais", estime-t-elle, précisant que le "profil" recherché "était très ouvert". Et puis "je ne me lève pas tous les matins en me disant: +Je suis une femme maître de chai+".
Son prédécesseur, M. Masse, confirme: "faire du vin, ce n'est pas une question de sexe, c'est une question de personnalité". Choisie, Ludivine Griveau compte désormais "rester très longtemps". "J'ai pris une peine de vingt ans", lâche-t-elle dans un éclat de rire.
- "Le cœur battant" -
En janvier, "quand j'ai pris mes fonctions, le premier jour j'avais la trouille, le cœur battant", se souvient-elle. "J'ai commencé par les vignes et l'équipe. J'avais besoin de m'imprégner du parcellaire et du vécu des vignerons."
Silhouette frêle, chevelure brune et regard azur, Ludivine Griveau quitte ses chaussures boueuses après un matinal "petit tour dans les vignes". "J'aime ça", dit-elle avec gourmandise.
"Il y a un vignoble extraordinaire donc on n'en voit jamais le bout, c'est fabuleux ! Et de véritables challenges: il n'y en a pas qu'un au moment de la vente, il est diffus", dit cette œnologue de formation.
Chaque troisième dimanche du mois de novembre, les Hospices de Beaune vendent leurs vins aux enchères afin de financer l'hôpital de la ville, ainsi que des associations. Le domaine viticole s'étend aujourd'hui sur 60 hectares (Pommard, Volnay, Meursault, Chassagne-Montrachet, Corton, Pouilly-Fuissé, Mazis Chambertin...).
En 2014, la vente avait enregistré un record à huit millions d'euros (frais d'enchères compris).
Pour cette 155e édition, le 15 novembre, les vins porteront pour la première fois "l'empreinte" de Ludivine Griveau: "des vins généreux et énergiques", selon elle. Cinq cent soixante-quinze pièces (tonneaux de 228 litres) de 48 cuvées - 33 rouges et 15 blancs - seront proposées aux acheteurs du monde entier.
C'est "la première grande dégustation du millésime en Bourgogne", rappelle Philippe Haas, actuel maître de chai du Château Corton C, qui a travaillé une dizaine d'années avec Mme Griveau. Et donc, pour elle, "un examen de passage annuel".
"Ludivine est la vitrine de la Bourgogne", souligne son ancien collaborateur en louant son talent "pour la vinification".
"J'espère que les gens aimeront mes vins, que les cours vont suivre, que l'hôpital va pouvoir bénéficier d'une belle rentrée d'argent pour sa pérennité et que les Hospices de Beaune seront, encore pour une année, lancés sur une belle voie", confie la régisseuse qui souhaite "savourer" ce moment sans être "asphyxiée par le stress".
"Rien ne prédestinait" cette énergique mère de trois jeunes enfants à travailler dans le vin: un père et un mari qui officient dans des milieux industriels, une mère commerçante. "J'ai petit à petit orienté mes choix vers ce qui s'apparentait à de l'évaluation sensorielle et l'agronomie." Jusqu'à la "révélation", lors d'un stage dans une maison de négoce bourguignonne.
Après diverses expériences professionnelles, elle obtient un poste d'adjoint au maître de chai à Rully (Saône-et-Loire) puis elle est nommée directrice technique de la Maison Corton-André à Aloxe-Corton (Côte-d'Or). A ce titre, elle participe à la vente des Hospices de Beaune comme acheteuse.
En 2014, l'imminence du départ en retraite de Roland Masse, régisseur du domaine des Hospices depuis quinze ans, fait germer une "petite graine" dans sa tête. Elle candidate, consciente de son "audace", mais certaine que ce poste est "pour elle".
"C'était aussi un moyen pour les Hospices de Beaune de prouver au monde qu'on recrute pour des compétences plutôt que pour un poste figé à jamais", estime-t-elle, précisant que le "profil" recherché "était très ouvert". Et puis "je ne me lève pas tous les matins en me disant: +Je suis une femme maître de chai+".
Son prédécesseur, M. Masse, confirme: "faire du vin, ce n'est pas une question de sexe, c'est une question de personnalité". Choisie, Ludivine Griveau compte désormais "rester très longtemps". "J'ai pris une peine de vingt ans", lâche-t-elle dans un éclat de rire.
- "Le cœur battant" -
En janvier, "quand j'ai pris mes fonctions, le premier jour j'avais la trouille, le cœur battant", se souvient-elle. "J'ai commencé par les vignes et l'équipe. J'avais besoin de m'imprégner du parcellaire et du vécu des vignerons."
Silhouette frêle, chevelure brune et regard azur, Ludivine Griveau quitte ses chaussures boueuses après un matinal "petit tour dans les vignes". "J'aime ça", dit-elle avec gourmandise.
"Il y a un vignoble extraordinaire donc on n'en voit jamais le bout, c'est fabuleux ! Et de véritables challenges: il n'y en a pas qu'un au moment de la vente, il est diffus", dit cette œnologue de formation.
Chaque troisième dimanche du mois de novembre, les Hospices de Beaune vendent leurs vins aux enchères afin de financer l'hôpital de la ville, ainsi que des associations. Le domaine viticole s'étend aujourd'hui sur 60 hectares (Pommard, Volnay, Meursault, Chassagne-Montrachet, Corton, Pouilly-Fuissé, Mazis Chambertin...).
En 2014, la vente avait enregistré un record à huit millions d'euros (frais d'enchères compris).
Pour cette 155e édition, le 15 novembre, les vins porteront pour la première fois "l'empreinte" de Ludivine Griveau: "des vins généreux et énergiques", selon elle. Cinq cent soixante-quinze pièces (tonneaux de 228 litres) de 48 cuvées - 33 rouges et 15 blancs - seront proposées aux acheteurs du monde entier.
C'est "la première grande dégustation du millésime en Bourgogne", rappelle Philippe Haas, actuel maître de chai du Château Corton C, qui a travaillé une dizaine d'années avec Mme Griveau. Et donc, pour elle, "un examen de passage annuel".
"Ludivine est la vitrine de la Bourgogne", souligne son ancien collaborateur en louant son talent "pour la vinification".
"J'espère que les gens aimeront mes vins, que les cours vont suivre, que l'hôpital va pouvoir bénéficier d'une belle rentrée d'argent pour sa pérennité et que les Hospices de Beaune seront, encore pour une année, lancés sur une belle voie", confie la régisseuse qui souhaite "savourer" ce moment sans être "asphyxiée par le stress".