Yémen: le futur président tend la main aux sudistes et aux rebelles

AFP

Sanaa - Le futur président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, a tendu la main aux autonomistes sudistes et à la rébellion nordiste qui boycottent son élection, prévue mardi sur fond de craintes de déstabilisation.

Yémen: le futur président tend la main aux sudistes et aux rebelles
Les forces de sécurité se sont déployées en force à la veille du scrutin à Sanaa mais surtout dans le sud du pays, où un bureau électoral a été attaqué à Aden alors que la tendance dure du Mouvement autonomiste sudiste a appelé à une journée de "désobéissance civile" mardi.

M. Hadi est le seul candidat à l'élection présidentielle, en vertu d'un accord signé en novembre par le président contesté Ali Abdallah Saleh après dix mois de manifestations populaires et sous une intense pression internationale.

Si le résultat du scrutin est connu d'avance, le taux de participation donnera une idée de l'appui populaire à M. Hadi.

"Il est du devoir de tous les Yéménites de voter, car seules ces élections pourront nous éviter les guerres et permettre au Yémen d'entrer dans une nouvelle phase", a estimé Amine Haykal, un fonctionnaire de 28 ans à Sanaa.

Dans un discours télévisé dimanche soir, M. Hadi, actuellement vice-président, a tracé les grandes lignes de son programme, s'engageant notamment à réunifier l'armée, scindée en deux en raison du ralliement d'une partie de la troupe au soulèvement populaire.

Il s'est également engagé à combattre Al-Qaïda qui étend son influence dans le sud et l'est du pays et à mener des "réformes radicales" au cours de son mandat intérimaire de deux ans devant déboucher sur des élections législatives et présidentielle.

M. Hadi a assuré que "la cause sudiste et ses répercussions, ainsi que ce qui s'est produit et continue de se produire à Saada (fief de la rébellion nordiste) sont des priorités qu'il faut examiner rapidement, à coeur ouvert et sans préjugés".

Son élection est boycottée par le Mouvement sudiste dont une partie réclame l'autonomie et la frange radicale l'indépendance pour le sud, Etat indépendant jusqu'en 1990, et par les rebelles zaïdites --branche du chiisme-- qui contrô lent une partie du nord du pays.

Aden, principale ville du Sud, était quadrillée lundi par les forces gouvernementales, déployées en force, au lendemain de l'arrivée de Sanaa de renforts, dont des blindés, selon des habitants.

En milieu de matinée, un accrochage a opposé les forces gouvernementales et des hommes armés à Mansoura où des sudistes ont prévu un rassemblement de protestation contre l'élection, ont indiqué des témoins sans faire état de victimes.

Dimanche soir, une roquette RPG a été tirée dimanche soir contre un centre électoral, sans faire de victime, à Khor Maksar, un quartier d'Aden, selon une source de sécurité.

Dimanche également, trois soldats qui convoyaient des urnes pour un bureau de vote dans la province sudiste de Lahj ont été blessés lors d'une attaque menée par des hommes armés relevant du Mouvement sudiste.

Le ministre de l'Intérieur, Abdel Qader Qahtan, a assuré lors d'une conférence de presse lundi que les forces de sécurité avaient pris les mesures nécessaires pour assurer le bon déroulement du scrutin.

"Nous avons pris des mesures préventives pour faire face à tous les groupes qui veulent empêcher les gens d'accomplir leur devoir électoral", a-t-il assuré, exhortant ses compatriotes à "se rendre demain aux urnes afin de voter pour la sécurité et la stabilité du Yémen".

Selon le président de la Commission électorale, M. Yahya Mohammad al-Iriani, 103.000 militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin.

Il a indiqué que le matériel de vote avait dû être acheminé par avion dans certaines régions troublées du nord et du sud.

Plus de 12 millions de Yéménites devraient se rendre aux urnes, dont 2,2 millions de nouveaux votants par rapport aux dernières élections de 2006, a-t-il indiqué.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :