Yémen: les partisans de Saleh jubilent après son apparition à la télévision

AFP

Sanaa - Les partisans du président yéménite Ali Abdallah Saleh se sont réjouis vendredi de le voir apparaître pour la première fois à la télévision, plus d'un mois après avoir été blessé dans une explosion, mais ses adversaires ont continué de réclamer son départ.

Ali Abdallah Saleh
Ali Abdallah Saleh
C'est par dizaines de milliers que des Yéménites ont acclamé le nom de leur président sur la place Saabine, dans le sud de la capitale, après la prière du vendredi.

Dans son sermon, un imam a prié pour que "Dieu guérisse le président" et le sorte "victorieux de l'épreuve", en référence à la révolte populaire lancée en janvier contre M. Saleh.

"Le peuple veut Ali Abdallah Saleh", a scandé la foule lors d'une marche qui a suivi la prière en brandissant de nombreux portraits du président, certains le montrant aux cô tés du roi Abdallah d'Arabie saoudite.

Le visage brûlé, recouvert de bandages, le président yéménite est apparu jeudi soir à la télévision pour la première fois depuis son hospitalisation il y a plus d'un mois, appelant au dialogue mais sans évoquer son retour au pays.

Ses partisans ont tiré en l'air en signe de joie dans de nombreuses villes.

Quatre personnes ont été tuées, une par balle perdue à Sanaa et trois à Ibb, au sud de la capitale, selon des sources hospitalières qui ont fait état de dizaines de blessés.

De leur cô té, les opposants de M. Saleh, qui réclament son départ depuis fin janvier, ont défilé à Sanaa et à Taëz, deuxième ville du pays (à 270 km au sud-ouest de la capitale) sous le slogan "non à la tutelle étrangère".

"Assez d'ingérence saoudienne et américaine", a scandé la foule rassemblée sur la grande artère Siitine, dans l'ouest de la capitale.

"Ali Abdallah Saleh est un cadavre politique", ont répondu d'autres.

"L'apparition de Saleh est destinée à monter le moral de ses partisans et à accentuer la pression sur l'opposition pour qu'elle accepte un rô le politique à son fils et de ses neveux", selon Mohammed al-Assal, membre de la coordination des "Jeunes de la révolution", qui organisent la manifestation.

Selon des sources yéménites, le président Saleh a décidé d'apparaître à la télévision contre l'avis de ses médecins traitant pour dire aux Yéménites qu'il est toujours vivant et en possession de ses capacités mentales.

Son absence prolongée avait donné lieu à diverses spéculations sur son état de santé. Fin juin, un diplomate yéménite à Ryad avait affirmé à l'AFP que l'état du président ne lui permettait pas d'apparaître à la télévision.

M. Saleh, 69 ans, blessé dans une attaque à la bombe dans la mosquée de son palais le 3 juin, était quasiment méconnaissable, la tête recouverte d'un keffieh rouge et blanc et des bandages entourant sa poitrine, sous sa chemise blanche, et ses mains.

Il a affirmé dans une déclaration de quelques minutes, diffusée par la télévision officielle yéménite, avoir subi "avec succès plus de huit interventions chirurgicales en raison de brûlures".

M. Saleh a appelé en termes généraux "au dialogue" au Yémen et s'est déclaré en faveur "de la participation de toutes les forces (à la vie politique) dans le cadre de la loi et de la constitution".

Au pouvoir depuis 33 ans, il a dit soutenir "les efforts" du vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi visant à parvenir à "une entente politique".

M. Mansour Hadi assure l'intérim mais n'a pas été désigné par M. Saleh pour diriger le pays en son absence. Le fils aîné du président, Ali, et ses proches contrô lent toujours une partie de l'armée et des organes de sécurité.

L'opposition et surtout les jeunes manifestants réclament la mise en place d'un conseil intérimaire pour empêcher un retour de M. Saleh et tourner la page de sa présidence.


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