Zhao Bandi, l'artiste chinois qui voit des pandas partout
AFP/Claire ROSEMBERG
En Chine, Zhao Bandi voit des pandas partout. Ils sont fonctionnaires corrompus, Tibétains, ouvriers ou médaillés d'or aux Jeux olympiques. L'artiste chinois, qui porte lui-même un panda en peluche sur la tête, vient de les faire défiler à Paris lors d'une performance artistique.
Cette parodie de défilé de mode met en scène une trentaine de personnages stéréotypés de la Chine d'aujourd'hui - le juge, l'hôtesse de cyber sex, le mendiant, l'actionnaire, le promoteur immobilier, etc - personnifiés par des mannequins habillés en blanc et noir, aux couleurs du panda.
La "signification du panda est immense, comme la Chine est immense", dit l'artiste à l'AFP. "Dès notre plus jeune âge, on vit avec le panda, c'est une marque, plus importante que Coca-Cola, c'est la marque d'une nation".
"Quand j'ai commencé à travailler sur le panda il y a dix ans", poursuit-il, je voulais que mon art soit accessible à tout le monde. Il y a une énorme sympathie pour le panda", dit-il, en évoquant un animal déclaré trésor national en 1949 en Chine et devenu le symbole du WWF-World Wide Fund for nature.
La Chine aujourd'hui "attire l'attention mondiale. Je montre ce qui se passe vraiment, c'est un regard neuf sur la Chine véritable", ajoute-t-il, un "miroir" sous forme de spectacle déjà présenté en Chine en 2007 et 2008.
Le regard est-il critique ? "J'aime mon pays comme j'aime le panda", assure l'artiste, "nous devons respecter la réalité et voir les possibilités que nous présente l'avenir. En Chine, nous n'avons pas besoin d'artistes romantiques, mais d'artistes réalistes".
Après des débuts remarqués en 1999 à la Biennale de Venise, Zhao Bandi avait accédé à la célébrité mondiale l'an dernier en tentant - en vain - de faire boycotter par les Chinois le personnage de Po, le panda fan d'arts martiaux héros de "Kung Fu Panda".
La société de production Dreamworks exploite un symbole national chinois, s'insurgeait-il.
Mais le film a fait un malheur en Chine, tout comme le propre travail de Zhao sur le panda, autant au plan critique que commercial.
"Les gens ont aimé le défilé, on va essayer de mieux le faire connaître en Europe", dit Marc Pauwels, de la galerie belge Guy Pieters. Au salon artparis qui avait lieu cette semaine, les photographies ou les installations lumineuses de l'artiste, estimées à quelque 20.000 euros, se vendent bien, dit-il.
Ses photos les plus récentes le montrent parodiant les campagnes officielles, lui et son panda se parlant par le biais de bulles façon B.D.
"J'ai beaucoup de pandas en peluche, mais celui-là m'accompagne souvent en voyage", s'amuse Zhao, en fixant à nouveau sa peluche sur un bandeau noué autour de la tête.