Google : Les données personnelles, une question de vie ou de mort

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Larry Page, le cofondateur de Google, n’hésite pas à verser dans l’alarmisme pour justifier la collecte de données personnelles par le moteur de recherche.

Google : Les données personnelles, une question de vie ou de mort
« Le fait d’avoir ces données personnelles a beaucoup de valeur. Moins on gardera de traces comme celles-là, plus on aura de chances de tous mourir ». On s’est un peu pincé en lisant dans le Telegraph cette déclaration attribuée à Larry Page, cofondateur de Google, présent près de Londres pour le Google Zeitgeist 2009. A deux doigts de penser que le vénérable quotidien anglais nous sortait soit une citation tronquée, soit un poisson d’avril à retardement. Et pourtant, d’autres médias comme la BBC la rapporte également — sans préciser toutefois si la phrase n’a pas été déclarée sur un ton badin, du genre « Barack Obama s’est inspiré de ma campagne ». Ce qui ne changerait de toute manière pas grand chose au propos. Petite remise en contexte.

Comme nous l’avions déjà signalé dans ces pages, l’Union Européenne souhaite réduire à 6 mois (maximum) la durée de rétention des données personnelles par les moteurs de recherche. Beaucoup trop court pour Google, qui a déjà fait « l’effort », en septembre dernier, de réduire de moitié sa durée de conservation des données en passant de 18 mois à 9 mois. Et pour appuyer son propos, Larry Page n’a pas trouvé meilleur argument que... la grippe porcine. Selon lui, réduire la fameuse durée pourrait diminuer la « valeur » des données, empêchant notamment Google de prévoir avec succès la propagation des maladies et d’épidémies comme la grippe porcine. D’où la citation toute en finesse qui ouvre cet article.

Les réactions n’ont pas tardé. Sur le site Econsultancy, pourtant mesuré et professionnel, un article sobrement intitulé Google’s Larry Page is crazy a fustigé l’exagération du cofondateur de Google. Son rédacteur, Patricio Robles, écrit : « je ne doute pas de l’utilité publique de certaines données collectées par Google. Mais quand Page suggère qu’on a plus de chances de mourir si Google ne peut pas stocker ses données, je ne peux pas m’empêcher de penser que Page passe peut-être trop de temps à faire la fête dans l’avion de Google. »

Eric Schmidt, PDG de Google récemment pointé du doigt pour sa proximité douteuse avec Apple, désapprouve également la décision de l’Union Européenne via un argument qui laisse songeur : « historiquement, quand les marchés commencent à être règlementés, le niveau d’innovation ralentit dramatiquement ». Le même Eric Schmidt invitait paradoxalement lundi les 6000 étudiants de l’Université de Pennsylvanie à « éteindre leurs ordinateurs », à « découvrir ce qui est humain autour de vous ». Un mode de vie analogique, en quelque sorte, par ailleurs moyen radical d’éviter la collecte de ses données personnelles pour une longue durée. Il fallait y penser.


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