La lutte contre l’exclusion sociale au Maroc à travers le programme Villes sans bidonvilles

Centre d’Etudes Internationales

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La lutte contre l’habitat insalubre et l’amélioration des conditions de vie de la population marocaine sont l’un des objectifs fondamentaux que s’est fixé le Maroc. A cet égard, le projet Villes sans bidonvilles, lancé en juillet 2004 par le roi Mohammed VI, vise à contribuer de manière effective à l’éradication, comme son nom l’indique, des bidonvilles. Notons que pour réaliser ce projet, une enveloppe budgétaire de 75 milliards de dirhams, dont 25 milliards de subventions de l’Etat lui a été allouée. Initiative pionnière à l’échelle régionale, ledit projet se veut un moyen efficace de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. En effet, cette stratégie s’assigne comme objectif majeur de permettre aux foyers à faibles revenus d’avoir accès à l’habitat. Pour ce faire, les pouvoirs publics visaient initialement, la production de 100 000 logements sociaux par an. Aussi, différentes mesures ont-elles été mises en œuvre en vue de veiller à la bonne marche de ce projet.

La lutte contre l’exclusion sociale au Maroc à travers le programme Villes sans bidonvilles
Pour commencer, une Commission tripartite, composée des Ministères de l’Intérieur, de l’Economie et des Finances et de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’espace, a été chargée de la supervision de ce chantier colossal. Créée en mai 2010, ladite Commission a pu mettre en relief les différentes difficultés que connaît chaque ville, en rapport avec la réalisation du programme, et a soumis des propositions à même de stimuler l’avancement des projets.

De même, l’Etat marocain a tenu à impliquer le secteur privé, à travers des conventions de partenariat, ayant trait à la construction de logements sociaux. De surcroît, le gouvernement marocain recourt à des experts du secteur privé pour un audit annuel, permettant d’établir le bilan sur l’état d’avancement des travaux. Par ailleurs, les promoteurs immobiliers, engagés dans ce programme, se sont vus accordés des exonérations et avantages fiscaux non moins importants. Le but étant de garantir une meilleure production dans l’habitat social. En outre, des mesures, comme la prospection foncière mobilisable, le changement des modes d’intervention ainsi que le renforcement des contrôles, ont pu être mises en place afin d’aboutir aux objectifs visés.

Cela dit, le projet Villes sans bidonvilles répond au programme des Nations Unies relatif aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, auquel le Maroc adhère, en ce sens qu’il tend à l’amélioration de la vie de pas moins de 100 millions d’habitants de taudis d’ici l’année 2020.

Au niveau international, le rapport du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, libellé, « L’Etat des villes dans le monde 2010-2011 : réduire la fracture urbaine », a relevé que 2,4 millions d’habitants de bidonvilles ont pu bénéficier dudit projet durant la période allant de l’année 2000 à l’année 2010. Cela représente, toujours selon le même rapport, une réduction de 45,8% des bidonvilles. De même, en septembre 2011, le directeur régional de la structure, dénommée, « ONU-Habitat pour l’Afrique et les pays arabes », Alioune Badiane, a reconnu les efforts déployés par le Maroc, classé désormais au deuxième rang, derrière des pays ayant réussi à résorber les bidonvilles. En effet, Alioune Badiane n’a pas omis de souligner que le royaume chérifien figure parmi les meilleurs pays au monde ayant lutté, avec succès, contre les bidonvilles, la pauvreté et l’exclusion sociale.

Plus encore, en octobre 2010, le programme précité a décerné au Maroc le prix d’honneur de l’Habitat en reconnaissance de la dynamique lancée en vue, particulièrement, d’assurer la protection des populations vulnérables et d’améliorer leurs conditions de vie, à travers, notamment le programme national Villes sans bidonvilles. C’est également une récompense destinée à tous les institutions et organismes ayant œuvré pour la réussite de ce programme national.

En somme, des progrès vérifiables ont été accomplis au niveau de la résorption des bidonvilles. A cette aune, le Ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace estime qu’environ 70% du taux de réalisation du projet a été atteint en 2010. A ce titre, s’agissant du bilan des réalisations en 2010, présenté par Ahmed Taoufik Héjira, ex-ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace, celui-ci a révélé que sur les 85 villes concernées par le projet, 43 ont été déclarées villes sans bidonvilles, et que les 42 villes restantes enregistrent un taux de réalisation moyen supérieur à 60%. Et le ministre d’annoncer que parmi ces dernières, 26 villes dans lesquelles les travaux sont avancés, devraient bientôt être décrétées villes sans bidonvilles.

En somme, le programme national dédié à l’éradication des bidonvilles au Maroc a enregistré des réalisations importantes. En revanche, nombreux sont encore les difficultés auxquelles le programme doit faire face, en l’occurrence la mobilisation du foncier, le financement des foyers et, parfois, le manque de collaboration de certains citoyens qui refusent la démolition de leurs habitations. Néanmoins, le royaume est décidé à relever ces défis et à poursuivre sa lutte jusqu’à l’obtention du résultat ultime, à savoir un Maroc sans bidonville, où la pauvreté et l’exclusion seraient éradiquées.


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